<401>à M. Mettra; mais, celui-ci me l'ayant adressée en droiture de Paris, elle a été retenue pendant trois mois, et je ne l'ai reçue que quatre jours après que j'étais en route pour Berlin; elle me fut renvoyée d'Aix, où elle ne faisait que d'arriver. Je ne passerai point à Paris, Sire. Et qu'irais-je faire dans cette ville, où tous les esprits sont dans une agitation encore plus forte que celle qui trouble le cerveau des gazetiers? On m'a dit, Sire, que d'Alembert vient de faire un ouvrage qui lui attirera un jour bien des ennemis; je ne serai pas fâché s'il est persécuté, pourvu que cela l'attire à Potsdam. On m'assure qu'il a pensé mourir dans le temps que j'étais fort malade; nous aurions été très-surpris tous les deux de nous voir tout à coup dans le séjour du grand Belzébuth, qui tient dans sa puissance les Trajan et les Platon. J'ai l'honneur d'être, etc.

299. DU MÊME.

Le 1er janvier 1766.



Sire,

Permettez que, au commencement de cette année, je souhaite à Votre Majesté tout ce qu'elle peut désirer. Je crois, Sire, que je ne puis faire des vœux dont l'accomplissement lui soit plus avantageux que de demander au ciel qu'elle jouisse d'une santé aussi bonne que sa gloire est grande. Vous auriez, Sire, la force d'Hercule, ainsi que vous avez acquis son immortalité sur la terre; car j'ai trop l'honneur de connaître V. M. pour penser que vous vouliez vous brûler dans ce monde pour aller être immortel dans l'autre.

J'ai eu l'honneur d'écrire à V. M. après la maladie qui m'avait conduit aux portes du trépas, et qui m'obligea de rester à Montélimar en Dauphiné et de me faire transporter ensuite à Avignon, où j'ai été obligé de demeurer six semaines. Je me porte aujourd'hui fort bien, et je partirai le 1er de mars, pour arriver le plus tôt possible à Potsdam; je compte d'y être vers le 15 d'avril. V. M. ne m'ayant pas fait l'honneur de me faire savoir ses ordres,