<419>scandalisé. Si vous aviez placé ce mot à la fin d'un vers, je n'aurais rien dit; je connais jusqu'où la nécessité de la rime emporte quelquefois les meilleurs poëtes. Mais m'appeler sournois au milieu d'un vers, en vérité cela n'est guère chrétien.
Continuez, Sire, de faire de bons ouvrages, dussiez-vous les écrire tous contre mes maladies; et moi, de mon côté, je continuerai de boire mes bouteilles de tisane pour soulager une poitrine qui ne vaut guère mieux que celle que Maupertuis humectait d'eau des Barbades, et qu'il conduisit bientôt par cette liqueur à la parfaite maturité. Quant à moi, je veux encore rester vert, s'il est possible, pendant quelques années, parce que je n'ai point achevé de compiler tous les passages dont j'ai besoin pour composer une douzaine de volumes in-folio qui pourront être d'une grande utilité à la postérité pour tous ceux qui auront la diarrhée. J'ai l'honneur, etc.
312. AU MARQUIS D'ARGENS.
Février 1768.
Sans savoir où vous êtes, marquis, soit en Laponie, soit en Sibérie, soit à Menton,a soit sur les ruines de Carthage, je vous adresse ma lettre à tout hasard. Vous vous plaignez que je n'aie pas assez étendu l'énumération de vos maux, et j'ai cru avoir renfermé toutes les misères humaines dans mes vers. Pour les maux de dents, ils sont compris sous le genre des fluxions, et je ne me suis tenu qu'aux genres, sans entrer dans le détail des espèces, ce qui ne finit jamais. Si cependant je vous eusse envoyé, au lieu de vers, un dictionnaire de maladies, je n'en serais pas plus avancé; car vous, l'homme le plus ingénieux et d'une imagination ardente, vous auriez, pour me confondre, inventé une nouvelle maladie que vous vous seriez donnée de plaisir, et votre fécondité eût toujours triomphé de ma sécheresse. Non,
a Dans la principauté de Monaco.