142. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Dallwitz, près de) Grossenhayn, 1er août 1760.

Le siége de Dresde, mon cher marquis, s'en est allé en fumée; à présent nous sommes en pleine route pour la Silésie. Nous nous battrons indubitablement sur la frontière, ce qui pourra arriver entre le 7 et le 10 de ce mois. Glatz est perdu, on assiége Neisse; il n'y a pas de temps à perdre. Si nous sommes heureux, je vous le manderai; s'il nous arrive malheur, je prends d'avance congé de vous et de toute la compagnie. Le pauvre Foresta a été tué, et c'est un sacrifice inutile. Enfin, mon cher, toute la boutique s'en va au diable. Nous marcherons après-demain. Je prévois toute l'horreur de la situation qui m'attend, et j'ai pris mon parti <188>avec fermeté. Adieu; je vous embrasse. Pensez quelquefois à moi, et soyez persuadé de mon estime.