<137>convenable, Sire, d'en prendre de temps en temps à votre âge pour faire vie qui dure. La différence de l'original du pâté du Périgord à la copie de Brandebourg me paraît très-remarquable. Je dois la même justice à celui de Sans-Souci, et trouve, selon mon goût, que l'assaisonnement de sire Noël l'emporte sur l'original même.
Ma santé est fort journalière; je ne sors de mon enclos que pour me rendre au temple, y porter mes vœux pour la prospérité de V. M., et puis de temps en temps pour déterrer un blaireau. D'ailleurs, je vis dans la retraite, et ne vois chez moi que quelques officiers de la garnison, mes collègues et ma fille, qui depuis peu de temps est revenue s'établir à Brandebourg avec ses deux enfants, Henriette et Wilhelmine de Nimschöffsky, dont le défunt m'a nommé tuteur. C'est dans cette qualité, Sire, que j'ose supplier V. M. de vouloir leur accorder la grâce de trouver un jour place au chapitre de Halle. Je suis, etc.
42. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Le 11 mars 1765.
Je reviens de Berlin, mon cher ami. J'ai été à ma fabrique de porcelaine, j'y ai trouvé deux vases et une jatte à bouillon; j'ai cru que cela pourrait vous faire plaisir, et je vous les envoie. Les grandes garnitures des cheminées ne sont point achevées; on travaille aux formes, et dans six semaines au plus tard on pourra avoir de tout ce qu'on voudra. Je ne vous oublierai pas, mon cher, dès que je trouverai quelque chose digne d'orner votre retraite.
Adieu, mon cher ami; mandez-moi comment vous vous portez.