58. AU MÊME.
(9 février 1766.)
Je vous envoie, mon cher ami, une petite provision de truffes d'Italie qu'on m'a fait tenir par Vienne. Je souhaite qu'elles vous soient agréables, qu'elles vous ragoûtent, et réveillent votre appétit.
J'attends ici tranquillement dans mon trou le retour du printemps; cette saison-ci n'est pas faite pour notre âge. Nous autres vieillards ne ressuscitons qu'au printemps, et végétons en été; mais l'hiver n'est bon que pour cette jeunesse bouillante et impétueuse qui se rafraîchit à des courses de traîneaux et à se peloter de neige.
Adieu, mon cher ami; je fais des vœux pour votre conservation et pour tout ce qui peut répandre des agréments sur votre vie.
59. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.
Brandebourg, 11 février 1766.
Sire,
Je rends grâces à Votre Majesté des truffes d'Italie qu'elle vient de m'envoyer. Ceux qui auront goûté de l'une et de l'autre espèce trouveront que celles de votre bon pays de Magdebourg et de Halberstadt les surpassent infiniment. Le long voyage des ultramontaines peut en être la cause.
Puissiez-vous, Sire, jouir longtemps de tous les mets et de tout ce qu'il y a de bon dans ce monde, puisque personne n'en est plus digne que vous! Je me flatte, Sire, que vous passerez bien au delà de mon âge de soixante-neuf ans, surtout depuis les effets des bains de Landeck, qui vous ont raffermi au point de supporter également le froid et le chaud de la saison au temps de vos manœuvres.