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61. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

Brandebourg, 19 février 1766.



Sire,

Je ne puis répondre à vos bontés; un torrent de larmes me serre le cœur, et l'expression me manque. Toute ma consolation, et ce qui me flatte le plus, c'est que vous m'estimez au nombre de vos amis. Mais qui suis-je, moi, pour recevoir tant de grâces? Un chien mort, comme Méphiboseth.a

L'ordinaire des princes n'est pas d'avoir l'âme si tendre; et vous qui les surpassez tous, Sire, comment s'est-il pu faire que vous l'ayez si flexible pour vos amis? Aussi j'en reconnais tout le mérite, la grandeur et le prix.

Je ne crois pas, Sire, et le ciel m'en est témoin, qu'on puisse surpasser les sentiments d'attachement que j'ai pour votre auguste personne. Je baisse beaucoup et de tous côtés; je parle fort peu, parce qu'on a peine à m'entendre, et même je ne puis articuler ce que je veux dire, comme feu le général de Rochow. Peut-être que la belle saison y portera quelque changement, et me procurera encore le seul bien où j'aspire en ce monde, qui est de vous voir. Je suis, etc.

62. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

(24 février 1766.)

Je vois bien qu'il faut vous fortifier, mon cher ami. On a voulu goûter, il y a deux jours, du vin de Hongrie de mon grand-père; on l'a trouvé bon. J'ai gardé la bouteille, je vous l'envoie. C'est la dernière; puisse-t-elle vous faire du bien!

Si vous voulez d'autres vins vieux, j'en ai de toutes les espèces, et je me ferai un vrai plaisir de vous les fournir; vous


a II Samuel, chap. IX, v. 6-8.