<200>aux revenus de la Société royale ceux des almanachs en Silésie, ce fonds serait déjà presque suffisant d'entretenir une académie des sciences sur le même pied que celle de Pétersbourg ou de Paris. Car le département littéraire à Pétersbourg ne coûte qu'environ douze mille roubles par an, et, quoique les revenus de la Société ne me soient pas assez connus, on m'a pourtant assuré qu'ils n'importent guère moins que vingt mille écus par an.
C'est pourquoi, s'il plaisait à V. M. de destiner à l'avenir cette somme à l'établissement d'une académie des sciences, il y aurait à présent la meilleure occasion d'engager un suffisant nombre d'habiles personnes, et de présenter à V. M. en peu de temps une académie des sciences aussi parfaite que celle de Paris.
Il y a près de six mois que M. Hedlinger,a médailleur du roi de Suède, attend ici les ordres de V. M. C'était aux instances de M. Knobelsdorffb que je l'ai persuadé d'entreprendre ce voyage; mais, n'ayant rien entendu depuis si longtemps, il se prépare à son départ, sensible d'avoir fait cette course sans avoir pu témoigner son zèle à V. M.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
4. A LÉONARD EULER.
Charlottenbourg, 21 janvier 1743.
Votre lettre du 19 de ce mois m'a fait connaître vos idées sur le fonds prétendu d'une académie des sciences. Mais je crois que, étant accoutumé aux abstractions des grandeurs de l'algèbre, vous avez péché contre les règles ordinaires du calcul. Sans cela, vous n'auriez pas pu vous imaginer un si grand revenu du débit
a Jean-Charles Hedlinger, né en 1691 dans le canton de Schwytz, mort en 1771, à sa terre au bord du lac des Quatre-Cantons. Il a gravé, pour l'Académie de Berlin, une belle médaille dont la face présente le buste du Roi et l'inscription : Fridericus Rex Academiae Protector. MDCCXLVII. Au revers on lit ces mots, entourés d'une couronne de laurier : Scientiarum Et Litterarum Incremento.
b Voyez t. VII, p. I-III, et 37-42.