<261>d'obligation des graines de melon que vous avez eu la bonté de m'envoyer, ainsi que de la doctrine tolérante que vous vous efforcez d'introduire dans votre gouvernement. Ce serait couronner l'œuvre que de faire réussir cette loterie dont personne ne veut. Je crois qu'il faut être dissipateur et prodigue pour avoir du crédit; je vois que cela réussit partout; il faudra imiter les autres.
On menace votre gouvernement de Voltaire,b d'un tremblement de terre, de madame Denis et d'une comète; il ne faut qu'un de ces fléaux pour tout détruire. J'espère qu'il en sera de ces conjectures comme de bien d'autres. On a prophétisé à peu près les mêmes malheurs à la reine de Hongrie; j'en excepte Voltaire. Elle a indiqué des jeûnes, des prières; on expose le venerabile à Vienne. Sans doute qu'après cela le bon Dieu y pensera plus d'une fois avant que d'entamer l'Autriche. On vous dira sans doute, mon cher mylord, que je suis un peu moins jacobitea que je ne l'ai été; ne me prenez point en haine pour cela, et soyez persuadé que je vous estime toujours également. Adieu.
7. MYLORD MARISCHAL A SON FRÈRE LE FELD-MARÉCHAL KEITH.
Le 12 février 1756.
Hospodin General, j'ai écrit au Roi par ce courrier, le priant de me donner mon congé. Je lui dis seulement que je me trouve trop chargé d'affaires, et que je serai toujours reconnaissant (ce qui est bien vrai) de sa bonté de m'avoir donné une douce re-
b Le 29 octobre 1755, Voltaire avait écrit à l'abbé de Prades, dans une lettre destinée à être communiquée au Roi : « J'ai un petit monastère auprès de Lausanne, sur le chemin de Neuf-+ châtel, et, si ma santé me l'avait permis, j'aurais été jusqu'à Neufchâtel pour voir mylord Marischal; mais j'aurais voulu pour cela des lettres d'obédience. »
a Voyez t. XIX, p. 48.