<283>à vous dire vrai, l'éternité des peines m'embarrasse moins que le chaos des prétentions que la cupidité de tant de souverains forme.
Vous saurez comme nous sommes parvenus à chasser les Français de la Hesse. Le prince Ferdinand assiége actuellement Cassel. Veuille le ciel que ces succès accélèrent la paix, dont l'Europe et nous surtout avons grand besoin. Ne vous inquiétez pas tant pour mon tabac, mon cher mylord; cela n'en vaut pas la peine. Celui d'Amsterdam ne m'est pas encore délivré; je crois, pour l'avoir, que je serai obligé d'intenter un procès au marchand qui le retient; mais que cela ne vous inquiète pas.
J'ai été charmé des procédés du roi d'Angleterre à votre égard; je regarde tout le bien qui vous arrive comme si c'était à moi-même qu'il arrivât, et ce n'est qu'une vertu bien pure qui s'attire une amitié pareille. Jouissez-en longtemps, mon cher mylord, et comptez-moi toujours au rang de vos vrais et sincères amis. Adieu.
35. AU MÊME.
Meissen, 11 (avril 1761).
J'apprends, mon cher mylord, que vous êtes sur votre départ de Londres. Je souhaite que les vents vous mènent sans accident en Espagne, et de là à Colombier. L'on propose un congrès; nous autres l'avons accepté. C'est à savoir ce qui en résultera. Je crois que ce sera une paix séparée entre la France et l'Angleterre, et que nous autres guerroierons encore jusqu'à la fin de l'année. Si vous voyez M. Whal, faites-lui, s'il vous plaît, mes compliments. Je ne sais s'il ne conviendrait pas aux Espagnols d'envoyer au congrès tout comme les autres puissances; ils ont des objets importants à discuter avec la maison d'Autriche, et je crois qu'ils y pourraient tenir leur coin. Je me borne à faire des vœux pour vous, mon cher mylord, jusqu'à votre arrivée à Colombier, en vous assurant que, dans toutes les occasions, vous