46. A MYLORD MARISCHAL.
Sans-Souci, 4 septembre 1762 (1763).a
Je suis bien aise, mon cher mylord, de vous savoir heureusement arrivé à Londres; je souhaite que vous arriviez de même dans vos montagnes, et que vous y trouviez tous les agréments que vous méritez si bien. On dit que Jean-Jacques ne vous suivra pas, de sorte que vos Écossais ne verront point le sauvage helvétique; ils n'en seront pas fort à plaindre, et M. Hume vous dédommagera au centuple de ce que vous pourriez perdre à la société de Jean-Jacques. M. d'Alembert est parti; il va entreprendre un grand voyage. Il veut parcourir les beautés de l'Italie ancienne et moderne; je serais bien de la partie, si la chèvre n'était obligée de brouter où elle est attachée. Adieu, mon cher mylord; l'espérance que vous me donnez de vous revoir me console de votre absence, et je me flatte encore qu'avant de mourir j'aurai le plaisir de vous embrasser.
47. AU MÊME.
Sans-Souci, 16 février 1764.
Mon cher mylord,
Je commence ma lettre par vous dire, mon cher mylord, que le temps est si doux et si serein dans cette contrée, que je passe mes jours à la campagne. C'est à Sans-Souci, où j'ai reçu votre lettre.
a Le Roi a en effet écrit 1762; mais il faut lire 1763, parce qu'en septembre 1762 il était encore en campagne (à Péterswaldau). Ce fut d'ailleurs le 22 juin 1763 que d'Alembert vint à Potsdam rendre ses devoirs au Roi, et le 15 août de la même année qu'il demanda la permission de retourner chez lui. C'est précisément pendant cette visite de d'Alembert et en sa présence que mylord Marischal prit congé du Roi, dans l'intention d'aller s'établir définitivement en Écosse; cependant il changea bientôt d'idée, et revint à Sans-Souci. Voyez l'Éloge de milord Maréchal, par d'Alembert, p. 47.