<31>faire des remèdes pour me mettre en état de revoir M. de Voltaire le 12, ainsi que je le lui ai promis.
V. M. verra, par la lettre que je joins ici, l'emploi qu'il fait de son temps, combien il est occupé du bonheur de vivre auprès de vous, et la manière dont il vous aime. Vous connaissez mieux les hommes que moi, Sire, vous possédez supérieurement ce don si essentiel à la place que le ciel vous a confiée; mais, ou je me trompe cruellement, ou V. M. règne dans l'âme de cet autre Virgile comme elle mérite de régner dans l'esprit et dans le cœur de tous ceux qui ont le bonheur de l'approcher et d'admirer en elle et l'homme, et le roi. Je ne le dissimule point à V. M., je fais les vœux les plus vifs pour que M. de Voltaire lui reste, parce que je n'imagine personne dans le monde plus nécessaire à sa vie privée et à ses occupations. Vous verrez, Sire, par sa lettre, comme il prend à cœur tout ce qui intéresse votre gloire. Il n'a assurément pas cru que je la communiquerais à V. M.; c'est un secret aussi que je la supplie de me garder. Mais j'ai pensé qu'elle serait bien aise de connaître comme il s'exprime sur ce qui la regarde, dans ces moments où il est tout à son enthousiasme. Je me flatte que V. M. ne désapprouvera pas ma liberté; elle n'est qu'une suite de mon zèle et de la vérité que je lui dois et que je lui ai vouée pour toute ma vie, comme à un maître que j'aime, j'ose le dire, et que j'admire au delà de toute expression. C'est avec ces sentiments que je suis pour jamais, avec le plus profond respect, etc.
8. A M. DARGET.
Avril 1752.
En vérité, mon bon Darget, je crois que je verrai revenir ici un mamamouchi.a Dieu sait quelles singulières idées passent par la tête de vos compatriotes. L'ordre de Saint-Jean de Latran est si
a Le mot mamamouchi, forgé par Molière (Le Bourgeois gentilhomme, acte IV, scène V), n'a de rapport avec aucun mot turc ou arabe.