<45>aurais. Croiriez-vous bien que Voltaire, après tous les tours qu'il m'a joués, a fait des démarches pour revenir? Mais le ciel m'en préserve! Il n'est bon qu'à lire, et dangereux à fréquenter. Le marquis ci-présenta vous fait ses compliments, et, pour moi, je vous assure que je ferai toute ma vie plus de cas de votre cœur que de tout l'esprit des beaux esprits. Vale.

23. DE M. DARGET.

Vincennes, 27 avril 1754.



Sire,

Le bonheur de marquer à Votre Majesté mon zèle et mon dévouement me ferait faire des miracles, et c'en serait peut-être un que de trouver une danseuse telle que V. M. la demande. Quand ces filles-là sont d'une aussi jolie figure, Paris est pour elles un Pérou qu'elles ne veulent point abandonner. Quoi qu'il en soit, Sire, les intérêts de votre théâtre sont remis au sieur Petit, agent de V. M., et j'ose l'assurer que personne n'est plus capable que lui de conduire ces sortes de négociations. Il est juste qu'il en ait tout l'honneur, puisqu'il en a toute la peine, et il m'a fait sentir que ce serait nuire à sa besogne que de vouloir le seconder.

Je sais qu'il va partir incessamment pour Berlin un nommé de Caen, horloger; c'est un excellent ouvrier, et V. M. fait en lui une excellente acquisition.

Je ne suis point surpris des démarches de M. de Voltaire pour retourner auprès de V. M. Il a l'esprit trop beau pour ne l'avoir pas raisonnable une fois en sa vie; mais votre répugnance, Sire, est également fondée, puisqu'il a eu le malheur de vous manquer essentiellement. Ce que V. M. a bien voulu m'écrire là-dessus m'a fait d'autant plus de plaisir, que l'on avait débité ici qu'elle avait marqué quelque envie de le revoir. Je sais même que le


a M. d'Argens.