<XII>IV. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC M. DARGET. (Mai 1749 - 6 septembre 1771.)
Claude-Étienne Darget, secrétaire du marquis de Valori, ambassadeur français à la cour de Berlin, fit avec celui-ci la campagne de 1745, et se fit prendre par les Autrichiens pour sauver son maître.a Ce trait de dévouement attira sur lui l'attention de Frédéric, qui le nomma son secrétaire des commandements, le 18 janvier 1746, et lui a fait jouer un des principaux rôles dans son poëme du Palladion (t. XI, p. II-VII, et 177-318). On donnait par courtoisie à Darget, membre honoraire de l'Académie des sciences, le titre de conseiller intime, qu'il avait souvent sollicité, mais que le Roi finit par lui refuser formellement. Après son retour en France, le 14 mars 1752, il demanda son congé, qui lui fut expédié le 26 juin 1753. Nous avons lieu de penser que Darget resta toujours attaché de cœur au grand prince qu'il avait fidèlement servi. En 1760, lorsque les Œuvres du Philosophe de Sans-Souci furent imprimées clandestinement à Paris, il chercha à se rendre utile à Frédéric, comme on peut le voir par l'excellent article que M. Sainte-Beuve a inséré, au sujet de notre édition, dans le Constitutionnel du lundi 2 décembre 1850, no 336.b
Darget s'était marié à Berlin avec une demoiselle César, catholique et sœur de M. César, depuis, conseiller intime et trésorier général des accises. De retour à Paris, il fut placé à l'école militaire. Il devint ensuite ministre des évêques de Liége et de Spire. Darget était né en 1712, et mourut en 1778.
Frédéric lui a adressé deux poésies : l'Épître à Darget, Apologie des rois (t. X, p. 238), et la Palinodie, Épître à Darget (t. XI, p. 64).
La correspondance de Frédéric avec Darget a paru pour la première fois dans les Œuvres posthumes de Frédéric le Grand, (Bâle) 1788, t. III, p. 311-379. Elle se compose de quarante-cinq lettres, tirées du portefeuille de Darget (Voyez l. c. t. I, p. 1); les réponses suivent les lettres. Les éditeurs de Berlin ont imprimé cette corres-
a Voyez t. III, p. 45.
b Voyez t. XIX, p. 189. Voyez aussi les Causeries du lundi, par C.-A. Sainte-Beuve, de l'Académie française. Paris, 1851, t. III, p. 114.