30. AU MÊME.
Reich-Hennersdorf, 4 juin 1759.
Je crains bien, mon cher mylord, que vous ne ferez pas grand' chose dans l'endroit où vous vous trouvez. Selon les nouvelles que je reçois, le roi d'Espagne, sans espérance de se remettre, pourra encore traîner longtemps. Le voyage de Lyon est absolument de l'invention de la cour de Versailles, et ne contient rien de réel; le roi de Naples a été très-fâché de la nouvelle qu'on en <281>a débitée. En un mot, je ne compte pas du tout sur les ressources que je pourrais tirer d'Espagne; ou bien je me soutiendrai moi seul, ou je périrai de la belle mort. Je crois que dans peu de jours notre situation se décidera. Cet homme à toque papale313-a sera obligé de prendre un parti, et je ne suppose pas que cela se passe en douceur. Cet événement influera beaucoup pour la campagne, et donnera la supériorité à l'un ou à l'autre parti. Je me flatte de l'avoir; c'est à l'événement à en décider. Adieu, mon cher mylord; je vous embrasse.
313-a Le feld-maréchal Daun. Voyez t. IV, p. 253-255, et t. XV, p. X, XI, 132 et 133, 134 et 135, 136-138, etc.