<133>qu'elle fût. Si je ne trouve pas vos noms dans mes titres, je sens toutefois que vous êtes faits pour m'instruire, et moi pour vous admirer.a
Il serait superflu de vous répéter les assurances de mon estime et de mon amitié. Je me flatte que vous en êtes convaincu, ainsi que de tous les sentiments avec lesquels je suis, monsieur, etc.
37. AU MÊME.
Berlin, 14 janvier 1738.a
Monsieur, vous me faites la plus jolie galanterie du monde. Je reçois un paquet sous mon adresse; je reconnais les cachets, j'ouvre, et je trouve Mérope. Je lis, je suis charmé, j'admire, et je suis obligé d'augmenter la reconnaissance que je vous dois, et que je ne croyais plus susceptible d'accroissement. Mérope est une des plus belles tragédies qu'on ait faites : l'économie de la pièce est menée avec adresse; la terreur croît de scène en scène; et la tendresse maternelle substituée à l'amour doucereux m'a charmé. J'avoue que la voix de la nature me paraît infiniment plus pathétique que celle d'une passion frivole. Les vers sont pleins de noblesse, les sentiments expliqués avec dignité; enfin la conduite de la pièce, l'expression des mœurs, la vraisemblance, le dénoûment, tout y est aussi heureusement amené qu'on peut le désirer. Il n'y a que vous au monde qui puissiez faire une pièce aussi parfaite que Mérope. J'en suis charmé, j'en suis extasié, et je ne finirais point, si ce n'était pour épargner votre modestie.
Si je ne puis vous payer avec une même monnaie, je ne veux
a La phrase qui commence par « Si je ne trouve pas, » omise dans l'édition de Kehl, est tirée des Œuvres posthumes, t. VIII, p. 337.
a Dans l'édition de Kehl, cette lettre est datée du 14 janvier 1737; dans les Œuvres posthumes, t. X, p. 146-148, elle est sans date. Nous donnons le texte de l'édition de Kehl. et tirons la date de la traduction allemande des Œuvres posthumes, t. VIII, p. 127.