<138>Je serai probablement obligé de parler de l'impératrice Marthe, nommée, depuis, Catherine, et du malheureux fils de ce féroce législateur. Oserai-je supplier V. A. R. de me procurer quelque connaissance sur la vie de cette femme singulière, sur les mœurs et sur le genre de mort du czarowitz? J'ai bien peur que cette mort ne ternisse la gloire du Czar. J'ignore si la nature a défait un grand homme d'un fils qui ne l'eût pas imité, ou si le père s'est souillé d'un crime horrible.
Infelix, utcunque ferent ea fata nepotes!aV. A. R aura-t-elle la bonté de joindre ces éclaircissements à ceux dont elle m'a déjà honoré? Votre destin est de me protéger et de m'instruire, etc.
39. DU MÊME.
(Cirey) janvier 1738.
Monseigneur, Votre Altesse Royale a dû recevoir une réponse de madame la marquise du Châtelet par la voie de M. Plötz; mais comme M. Plötz ne nous accuse ni la réception de cette lettre, ni celle d'un assez gros paquet que je lui avais adressé, huit jours auparavant, pour V. A. R., je prends la liberté d'écrire cette fois par la voie de M. Thieriot.
Je vous avais mandé, monseigneur, que j'avais, du premier coup d'œil, donné la préférence à l'Épître sur la Retraite à cette description aimable du loisir occupé dont vous jouissez; mais j'ai bien peur aujourd'hui de me rétracter. Je ne trouve aucune faute contre la langue dans l'Épître à Pesne,a et tout y respire le bon goût. C'est le peintre de la raison qui écrit au peintre ordinaire. Je peux vous assurer, monseigneur, que les six derniers vers, par exemple, sont un chef-d'œuvre :
a Virgile, Énéide, liv. VI, v. 823.
a Voyez t. XIV, p. 34-37.