<195>pureté de la langue française. Voilà à peu près tout ce que ma pédanterie grammaticale peut critiquer dans cet ouvrage charmant, que je chéris comme homme, comme poëte, comme serviteur bien tendrement attaché à votre auguste personne.
Que je suis enchanté quand je vois un prince, né pour régner, dire :
Ta clémence et ton équité,
Ces limites de ta puissance.
Voilà deux vers que j'admirerais dans le meilleur poëte, et qui me transportent dans un prince. Vous faites, comme Marc-Aurèle, la satire des cours par votre exemple et par vos écrits, et vous avez, par-dessus lui, le mérite de dire en beaux vers, dans une langue étrangère, ce qu'il disait assez sèchement dans sa langue propre.
Si la tendresse respectable qui a dicté cette ode ne m'avait enlevé mon premier suffrage, je pourrais le donner à l'ode. Enfin il y a plus d'imagination; et le mérite de la difficulté surmontée, qu'on doit compter dans tous les arts, est bien plus grand dans une ode que dans une Épître libre.
Le Printemps est dans un tout autre goût; c'est un tableau de Claude Lorrain. Il y a un poëte anglais, homme de mérite, nommé Thomson, qui a fait les Quatre Saisons dans ce goût-là, en blank verses, sans rime. Il semble que le même dieu vous ait inspirés tous deux.
V. A. R. me permettra-t-elle de faire sur ce poëme une remarque qui n'est guère poétique?
Et dans le vaste cours de ses longs mouvements,
La terre, gravitant et roulant sur ses flancs,
Approchant du soleil, en sa carrière immense....
Voilà des vers philosophiques, par conséquent leur devoir est d'être vrais et d'avoir raison. Ce n'est pas ici Josué qui s'accommode à l'erreur vulgaire, et qui parle en homme très-vulgaire; c'est un prince copernicien qui parle, un prince dans les États de qui Copernic est né; car je le crois né à Thorn, et je pense que votre maison royale pourrait bien avoir des droits sur Thorn; mais venons au fait. Ce fait est que la terre, du printemps à