<348>V. A. R., c'est de ne pas prendre mes louanges pour des flatteries. Tout part du cœur chez moi, approbation de vos ouvrages, remercîments de vos bontés; tout cela m'échappe, il faut que vous me le pardonniez.
Je ne suis pas tout à fait exilé, comme on l'a mandé.
Ce vieux madré de cardinal,
Qui vous escroqua la Lorraine,
N'a point de son pays natal
Exclu ma muse un peu hautaine;
Mais son cœur me veut quelque mal :
J'ai berné la pourpre romaine;
Du théâtre pontifical
J'ai raillé la comique scène;
C'est un crime bien capital,
Qui longue pénitence entraîne.
Le fait est pourtant que personne n'a parlé de Rome avec plus de ménagement. Apparemment qu'il n'en fallait point parler du tout. Il y a dans toute cette persécution un excès de ridicule et de radotage qui fait que j'en ris au lieu de m'en plaindre.
Quand je vois, d'un côté, la cacade devant Danzig, l'incertitude dans mille démarches, une guerre heureuse par hasard, entreprise malgré soi, et à laquelle on a été forcé par la reine d'Espagne, la marine négligée pendant dix ans, les rentes viagères abolies et volées malgré la foi publique; et que, de l'autre, je vois le salon d'Hercule, que le bonhomme regarde comme son apothéose, je m'écrie :
Le bon Hercule de Fleury,
Petit prêtre nonagénaire,
En Hercule s'est fait portraire,
De quoi chacun est ébahi;
Car on sait que le fils d'Alcmène
Près de sa maîtresse fila,
Mais jamais il ne radota
Que sur les rives de la Seine.
Je sais bien que par tout pays on voit de pareilles misères, et même de plus grandes; je sais bien que se tenir chez soi tranquillement et mettre en prison ses généraux qui ont fait ce qu'ils