<71>tain que les nombres 1, 2, 4, 8, 16, 32, etc., n'en approcheront jamais. Mais prenez tous ces nombres à la fois, sans compter; ils sont égaux à l'infini.
Cette méthode est celle des géomètres : elle est démontrée, on ne peut pas en appeler.
Il n'y a donc nulle contradiction entre ces deux propositions : cette unité est finie, et la série 1/29 1/49 1/89 égale à cette unité, est infinie.
Ces vérités, ces démonstrations géométriques n'empêchent point du tout qu'il n'y ait des êtres indivisés dans la nature, des êtres uns, des atomes; sans quoi le monde ne serait point organisé. Il est très-vrai que la matière est composée d'indivisés, parce qu'il faut des êtres inaltérables pour faire des germes qui sont toujours les mêmes, parce que les éléments des êtres mixtes ne seraient pas éléments, s'ils étaient composés. Il est donc très-vrai que les principes des choses sont des substances dures, solides, indivisées; mais ces principes sont-ils pour cela indivisibles? Je n'en vois nullement la conséquence.
S'ils étaient encore divisés, cet univers ne serait pas tel qu'il est; mais il est toujours clair qu'ils sont divisibles, puisqu'ils sont matière, qu'ils ont des côtés.
Tant que les éléments du feu, de l'eau, de l'air, seront tels qu'ils sont, indivisés, ils seront les mêmes; la nature ne changera pas : mais l'auteur de la nature peut les diviser.
Reste actuellement à comprendre comment, selon M. Wolff, la matière serait composée d'êtres simples sans étendue; c'est à quoi ma pauvre âme ne peut arriver. J'attends la seconde partie de cette Metaphysique dont V. A. R. daigne me faire présent. J'espère que cette seconde partie me donnera des ailes pour m'élever vers l'être simple; ma misérable pesanteur me rabaisse toujours vers l'être étendu.
Quand est-ce que j'aurai des ailes pour aller rendre mes respects à l'être le moins simple, le plus universel qui existe dans le monde, à V. A. R.?
Madame la marquise du Châtelet attend avec impatience cet homme aimable que Frédéric appelle son ami, cet Éphestion de cet Alexandre.