AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.
CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC VOLTAIRE. (8 août 1736 - 1er avril 1778.)
Cette correspondance, qui embrasse une période de quarante-deux ans, jette un grand jour sur le caractère et l'esprit du Roi, et témoigne plus qu'aucune autre de son enthousiasme pour les sciences et les lettres.
Malheureusement nous n'avons ni les autographes ni les copies primitives des lettres de Frédéric; nous sommes donc réduit à reproduire les éditions originales, en y ajoutant les suppléments que nous avons eu le bonheur de nous procurer.
Il existe quatre éditions de cette correspondance. Nous devons les mettre toutes à profit pour obtenir un texte aussi complet et aussi authentique que possible. Ce sont les éditions de Kehl, de Bâle, de Berlin, et celle de M. Beuchot.
Après la mort de Voltaire,I-a Beaumarchais acheta la totalité de ses manuscrits, et, comme on lui refusa l'autorisation de les impri<X>mer en France,II-a il établit à Kehl une grande imprimerie pour les publier. Mais il ne fut guère que le bailleur de fonds de cette entreprise, dont il laissa la direction littéraire à MM. de Condorcet et Decroix.
La collection des Œuvres complètes de Voltaire fut imprimée à Kehl, de 1785 à 1789, en soixante-dix volumes in-8.II-b Les frontispices ne portent aucune indication de lieu; on n'y lit que ces mots : De l'imprimerie de la Société littéraire-typographique. Les volumes LXIV, LXV et LXVI contiennent la correspondance de Voltaire avec Frédéric. Ces trois volumes ont aussi été publiés séparément sous le titre de Recueil des lettres de M. de Voltaire et du roi de Prusse. De l'imprimerie de la Société littéraire-typographique, 1785; c'est la même impression que les volumes LXIV, LXV et LXVI des Œuvres complètes. Dans l'impossibilité de se procurer tous les originaux des lettres, les éditeurs de Kehl furent obligés de se contenter de copies, en partie fort altérées. Ils ont fait eux-mêmes dans quelques endroits des suppressions qui leur étaient imposées par la prudence, ou par les égards dus à des personnes vivantes. La Préface des Rédacteurs, en tête de l'édition, dit à ce sujet (p. VIII du 1er volume) : « Les lettres qui pourraient blesser des personnes vivantes ont été sévèrement retranchées. Les rédacteurs ne se sont permis qu'un petit nombre de corrections de dates et de noms propres. » Cependant, Frédéric et Voltaire ne datant pas toujours leurs lettres, les éditeurs les ont souvent faussement datées et mal classées. La lettre de Voltaire, t LXIV, p. 268, par exemple, n'est pas du mois de mai 1738, mais du mois de juin 1739; la lettre de Frédéric, t. LXV, p. 40, n'est pas du 8 septembre 1740, mais du 8 septembre 1743; et sa lettre du 24 octobre 1766 est placée, dans le même volume, p. 330, parmi celles de l'année 1765. Les noms de lieux et de personnes sont souvent tout à fait défigurés : on trouve par exemple, t. LXIV, p. 87 et 285, Amatte pour Amalthée, p. 109, Ksenstocem pour Czenstochow; et, p. 428, Konister pour Königsberg; t. LXV, p. 268, Lautrihaussen pour Lantingshausen, et, p. 296, Du Ringsvormek pour <XI>Döringsvorwerk; t. LXVI, p. 106, la Sretz. pour la Netze, etc. Cependant, quoiqu'on puisse reprocher des imperfections à l'édition de Kehl, elle n'en jouit pas moins d'une grande autorité, car elle a le mérite d'avoir donné pour la première fois la correspondance de Frédéric avec Voltaire en un recueil élégamment imprimé, assez complet pour un coup d'essai, et offrant l'avantage de faire suivre les lettres de leurs réponses. Le LXIVe volume des Œuvres complètes renferme cent vingt-deux lettres, soixante-sept de Frédéric et cinquante-cinq de Voltaire, du 8 août 1736 au 18 mai 1740. Les éditeurs de Kehl comptent cent vingt-trois lettres, au lieu de cent vingt-deux dont ce volume se compose réellement, parce que la lettre du Prince royal, du 18 mars 1740, p. 497, qui est la 115e, y porte, par une erreur typographique, le numéro 116. Le t. LXV contient cent quatre-vingt-trois lettres, cent treize de Frédéric et soixante-dix de Voltaire, du 6 juin 1740 au 20 décembre 1770. La lettre de Frédéric à Grimm, du 26 septembre 1770, a été placée, p. 423, parmi celles du Roi à Voltaire, sous le no 178. C'est à cause de cette méprise que les éditeurs de Kehl portent le nombre des lettres du t. LXV à cent quatre-vingt-quatre, tandis qu'il n'y en a que cent quatre-vingt-trois. Le t. LXVI renferme cent trente et une lettres, dont soixante-onze de Frédéric et soixante de Voltaire, du 11 janvier 1771 au 1er avril 1778. Ces trois volumes contiennent donc quatre cent trente-six lettres, dont deux cent cinquante et une de Frédéric.
Trois ans après l'édition de Kehl parurent les Œuvres posthumes de Frédéric le Grand, roi de Prusse, (A Bâle) 1788, en quatre volumes in-8. Le t. Ier de cette édition, p. 1, commence par un Avertissement des Editeurs conçu en ces termes : « Les Œuvres posthumes du roi de Prusse, que nous offrons au public, sont tirées en partie du portefeuille de M. de Voltaire, en partie de celui de M. Darget, autrefois secrétaire de Sa Majesté. On trouvera donc ici : 1o la Correspondance du Roi avec M. de Voltaire complétée. Elle contiendra des lettres qu'on nous assure avoir été supprimées par M. de Beaumarchais, parce qu'elles ont été écrites dans un temps où le Roi avait à se plaindre de M. de Voltaire, et que ce dernier n'y est pas représenté sous un jour favorable; 2o la Correspondance du Roi avec Darget, etc. » Le premier volume de l'édition de Bâle se termine par la lettre du Prince royal, du 18 mai 1740, portant le no 123; mais ce volume ne contient effectivement que cent vingt-deux <XII>lettres, soixante-sept de Frédéric et cinquante-cinq de Voltaire, parce qu'on y a répété la faute typographique que nous avons signalée en parlant de l'édition de Kehl. Le second volume se termine par une lettre de Voltaire, du 20 décembre 1770, portant le numéro 197; mais il ne renferme que cent quatre-vingt-quatorze lettres appartenant réellement à notre correspondance, cent vingt-trois de Frédéric et soixante-onze de Voltaire, parce que le numéro 172, de Voltaire, est faussement daté du 2 mai 1767, et se trouve répété t. III, p. 48, sous sa vraie date du 31 juillet 1775 de plus, les lettres de Frédéric à Algarotti, du 2 (4) janvier 1709, et à Grimm, du 26 septembre 1770, y sont insérées, p. 271 et 439, comme ayant été adressées à Voltaire. Le troisième volume renferme, de la page 1 à la page 310, soixante-onze lettres de Frédéric et soixante de Voltaire.
L'édition de Bâle contient donc quatre cent quarante-sept lettres, dont deux cent soixante et une de Frédéric. Ce n'est autre chose que l'édition de Kehl réimprimée, presque page pour page, avec toutes ses erreurs; seulement la correspondance est enrichie, dans le second volume, de onze lettres que les éditeurs bâlois ont pu se procurer; ils y ont ajouté aussi quelques passages que les éditeurs de Kehl avaient retranchés. Ces additions faites à l'édition de Bâle lui donnent l'autorité d'une édition originale; nous devons donc en tirer parti pour la nôtre. Les lettres de l'édition de Bâle qui ne se trouvent pas dans celle de Kehl sont les dix lettres de Frédéric nos 108, 109, 110, 111, 115, 120, 137, 138, 145 et 162, et la lettre de Voltaire no 136.IV-a La fin de la lettre du Roi, du 23 janvier 1709 : « Rendez-vous digne que j'oublie tout à fait le passé, » omise dans l'édition de Kehl, est dans celle de Bâle, qui a de même donné les post-scriptum ajoutés par Frédéric à ses lettres du 18 avril 1759 et du 21 juin 1760, et supprimés par les éditeurs de Kehl. La lettre de Voltaire, du 19 mai 1759 (t. LXV, p. 288 de l'édition de Kehl), a été classée par les éditeurs de Bâle, t II, p. 307, parmi celles du mois de juillet 1759. Enfin, la lettre de Voltaire, du 31 juillet 1772, placée dans le t. II, p. 393 de l'édition de Bâle, sous la fausse date du 2 mai 1767, est omise avec raison dans le LXVe volume de l'édition de Kehl; mais elle se trouve, moins complète, il est vrai, dans <XIII>le volume suivant, sous sa vraie date, et elle a été réimprimée t. III, p. 48 et 49 de l'édition de Bâle. Ce sont là les différences essentielles de ces deux éditions.
Il faut remarquer que les tomes I, II et III des Œuvres posthumes de Frédéric le Grand, roi de Prusse, (A Bâle) 1788, reproduisent page pour page les tomes LII, LIII et LIV des Œuvres complètes de Voltaire, (A Bâle) 1788, qui ont aussi été réimprimés sous le titre de Œuvres complètes de Voltaire, A Gotha, chez Charles-Guillaume Ettinger, libraire, 1788. Cette soi-disant édition de Gotha n'est autre chose que l'édition de Bâle, dont elle ne diffère que par le frontispice.
L'édition de Berlin des Œuvres de Frédéric, notre troisième source, présente deux collections différentes des lettres de Frédéric à Voltaire; sans donner les réponses de celui-ci : l'une dans les volumes VIII, IX et X des Œuvres posthumes, où l'on trouve cent soixante-huit lettres de Frédéric à Voltaire; l'autre dans le Supplément aux Œuvres posthumes, t. II, p. 171-454, qui contient cent vingt lettres du Roi au même. Mais il y a une grande différence entre ces deux collections. La première a tout le prix d'une édition originale, parce qu'elle est toute imprimée d'après des manuscrits authentiques, en partie même d'après les autographes du Roi, qui, dans l'origine, envoyait à Voltaire les lettres écrites de sa propre main, et en gardait les copies;V-a mais dans les dernières années de sa correspondance avec Voltaire, Frédéric envoyait au contraire les copies de ses lettres, et en conservait les minutes.V-b Le t. VIII des Œuvres posthumes donne, p. 221-376, vingt et une lettres, du 4 novembre 1736 au 17 juin 1738; le t. IX contient cent huit lettres, dont cent trois datées, du 21 juillet 1738 au 25 janvier 1778; les cinq dernières sont sans date. Les vingt premières lettres ont été écrites avant l'avènement de Frédéric; elles sont suivies de six lettres, du 6 juin au 26 octobre 1740; la vingt-septième, du 8 novembre 1740, était destinée non à Voltaire, mais au comte Algarotti; après cette lettre mal placée vient une lacune de <XIV>trente ans, la vingt-huitième étant datée du 5 décembre 1770. Le t. X donne, p. 3-158, quarante lettres, toutes sans date, et dans le désordre le plus complet Ces trois volumes de l'édition de Berlin présentent dix-huit lettres de Frédéric qui ne se trouvent pas dans les collections de Kehl et de Bâle, savoir, les deux lettres du 9 mai et du 6 décembre 1737, imprimées dans le VIIIe volume; les treize lettres placées dans le IXe volume, p. 116, 126, 211, 212, 270, 299, 308, 310, 344, 350, 362, 366 et 372; et les trois lettres faisant partie du Xe volume, p. 7, 17 et 56.VI-a Quelques-unes des lettres de cette collection sont plus complètes et mieux datées que dans les deux éditions antérieures, où l'on avait supprimé plusieurs passages, par égard pour le gouvernement et le clergé français, pour le duc de Würtemberg, pour Voltaire lui-même, et par d'autres raisons. Telles sont, par exemple, les lettres de Frédéric, du 3 février et du 24 (21) octobre 1740, du 25 novembre 1766 (1765), du 8 janvier et du 20 février 1766, du 7 juillet et du 30 octobre 1770, du 16 (20) septembre 1771, du 12 (2) janvier, du 1er mars et du 4 (1er) décembre 1772, du 8 octobre 1774, du 29 septembre 1775, du 20 novembre et du 26 décembre 1776, du 10 février et du 26 mars 1777.VI-b Les éditeurs de Berlin, de leur côté, en donnant ces lettres complètes, ont fait beaucoup de changements au texte, et, par d'autres motifs que les éditeurs de Kehl, ils se sont aussi permis de retrancher bien des passages, par exemple, t. VIII, p. 285, ligne 5 du bas, lettre du 6 juillet 1737; même lettre, p. 290, 1. 13; p. 363, 1. 9, lettre du 17 (28) mars 1738; t. IX, p. 343, 1. 2 du bas, lettre du 1er (17) juin 1777; p. 30 et 185 du même volume, ils ont rayé les post-scriptum des lettres du 22 novembre (1er décembre) 1738 et du 3 (26) janvier 1773; t. X, p. 112, entre les lignes 8 et 9, dans la lettre du 10 octobre 1739, il manque tout un alinéa de quatre lignes; p. 63 du même volume, dans la lettre du 7 juillet 1770, les éditeurs ont supprimé les noms de Conflans, de Turpin et de Richelieu, et p. 83 et 84, dans la lettre du 17 décembre 1777, ils ont deux fois retranché le nom de <XV>Delisle. Les lignes qui manquent, t. VIII, p. 328, l. 12, dans la lettre du 1er janvier 1738 (26 décembre 1737), t. IX, p. 24, l. 1 du bas, dans la lettre du 9 novembre 1738, et t. X, p. 32, l. 4 du bas, dans la lettre du 3 novembre 1766, n'ont pas été supprimées à dessein, mais omises faute d'attention; enfin, le commencement du second alinéa de la lettre du 10 (8) janvier 1739, t. IX, p. 34, l. 9 du bas, a été altéré par l'inadvertance des éditeurs.
La seconde collection, c'est-à-dire celle qui se trouve dans le second volume du Supplément aux Œuvres posthumes, n'est que la réimpression des lettres de Frédéric contenues dans les deux premiers volumes de l'édition de Bâle, savoir, cent dix lettres omises dans les Œuvres posthumes par les éditeurs de Berlin, avec les notes et les renvois de l'édition de Bâle (Kehl); elle en reproduit aussi les fautes, les noms de lieux et de personnes mal orthographiés, et les deux lettres à Algarotti, du 2 (4) janvier 1759, et à Grimm, du 26 septembre 1770, qu'elle imprime comme ayant été adressées à Voltaire. Ces détails frappants donnent au Supplément le caractère d'une contrefaçon; cependant on y a ajouté dix lettres du Roi, jusqu'alors inédites, dont nous donnons en note l'énumération,VII-a et deux Lettres en vers et prose tirées des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci.VII-b Quant à la Lettre en vers et prose du 17 novembre 1759,VIII-a qui fait partie des éditions de Kehl et de Bâle, elle n'a pas été admise par les éditeurs du Supplément, non plus que les deux lettres du 20 mars et du 3 avril 1760,VIII-b parce qu'elles avaient été imprimées toutes trois parmi les poésies, dans le septième volume des Œuvres <XVI>posthumes, p. 254, 287 et 297. L'édition de Berlin, c'est-à-dire les volumes VIII, IX et X des Œuvres posthumes et le second volume du Supplément, contient donc, si l'on y ajoute les trois pièces du VIIe volume des Œuvres posthumes, deux cent quatre-vingt-onze lettres de Frédéric à Voltaire; les réponses de celui-ci ne s'y trouvent pas.
En comparant les trois éditions dont nous venons de parler, on remarque, il est vrai, dans beaucoup de lettres du Roi une sensible diversité des textes, qui ont été corrigés et mutilés par des raisons particulières aux éditeurs. Cependant ces variantes ne sont pas toujours d'une importance telle, qu'il vaille la peine de les noter. Mais il y en a un certain nombre que nous avons dû indiquer au bas de notre texte. Les passages omis ont été restitués. Nous avons toujours annoncé la source d'où nous avons tiré ces variantes et ces additions.
Telles sont, en ce qui concerne les lettres de Frédéric, les anciennes éditions de sa correspondance avec Voltaire où nous avons puisé notre texte. Quant aux lettres de Voltaire à Frédéric, nous suivons fidèlement l'excellente édition des Œuvres de Voltaire par M. Beuchot; la correspondance des deux écrivains y est imprimée par ordre chronologique dans les tomes LII à LXX. Pour les lettres de Frédéric à Voltaire, nous ne tirons qu'une seule pièceVIII-c de cet estimable recueil; mais pour celles de Voltaire à Frédéric, nous le considérons comme notre source principale, et nous en tirons deux cent cinquante-cinq lettres.
Voilà tout ce que nous avons à dire de ces quatre grandes éditions de la correspondance de Frédéric avec Voltaire. Il ne nous reste qu'à ajouter quelques mots sur les additions que nous sommes en mesure de faire nous-même.
En ce qui concerne les six lettres de Frédéric encore inédites,IX-a et celles qui sont inexactement imprimées dans les collections générales, nous les devons à la direction de la Bibliothèque de l'Ermitage impérial de Saint-Pétersbourg,IX-b aux archives du Cabinet de <XVII>Berlin,IX-c et à quelques personnes qui ont bien voulu nous communiquer des pièces de leurs collections d'autographes, tels que M. Charles Künzel, à Heilbronn,IX-d et feu M. Jean-Guillaume Oelsner, à Breslau.IX-d Le texte authentique de la lettre de Frédéric, du 24 mai 1750,IX-e est tiré du Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, rédigé par A.-L. Millin, A Paris, 1799, t. I, p. 103-105. Quant aux lettres de Voltaire à Frédéric que nous nous sommes procurées nous-même, nous en devons trois aux archives de Berlin,IX-f une à M. Benoni Friedländer,IX-g une à feu M. Dorow.IX-h et nous en avons trouvé huitIX-i dans le journal allemand Der Freymüthige, publié par A. de Kotzebue, Berlin, 1803, in-4. De plus, nous tirons la lettre de Voltaire à Frédéric, du 1er janvier 1753,IX-k de la Correspondance inédite de Voltaire avec Frédéric II, le président de Brosses et autres personnes, publiée par Th. Foisset, Paris, 1836; la lettre du 11 juin 1753IX-l est tirée du Berliner Kalender für 1846. Ces quinze lettres de Voltaire manquent dans l'édition Beuchot. Nous avons suppléé d'après l'édition de Kehl aux petites omissions que présente le beau travail de M. Beuchot, par exemple dans les lettres de Voltaire, du 21 novembre 1770 et du 15 février 1771. La lettre de Voltaire, du 31 juillet 1772, placée sous la fausse date du 2 mai 1767, était également incomplète. Enfin, nous avons mieux classé quelques lettres de Voltaire qui étaient sans date.
Les six lettres de Frédéric que nous publions pour la première fois, et les suppléments tirés des éditions de Bâle (dix lettres), de Berlin (trente-deux lettres), et de M. Beuchot (une lettre), ajoutés aux <XVIII>deux cent cinquante et une de l'édition de Kehl, donnent la somme de trois cents lettres de Frédéric; et nos quinze nouvelles lettres de Voltaire, ajoutées aux deux cent cinquante-cinq de l'édition de M. Beuchot, font en tout deux cent soixante-dix lettres de Voltaire.
Notre édition de la correspondance de Frédéric avec Voltaire, qui renferme la somme totale de cinq cent soixante-dix lettres, forme trois volumes : le t. Ier contient soixante-neuf lettres de Frédéric et cinquante-cinq de Voltaire, nos 1-124, du 8 août 1736 jusqu'à l'avénement de Frédéric; le t. II, quatre-vingt-huit lettres de Frédéric et cent dix-huit de Voltaire, nos 125-330, depuis l'avénement jusqu'au moment où Voltaire quitta Berlin, en 1753; le t. III est formé de cent quarante-trois lettres de Frédéric et de quatre-vingt-dix-sept de Voltaire, nos 331-570, de 1754 jusqu'à la mort du célèbre écrivain français, en 1778.
Ainsi notre édition de cette correspondance est la plus complète qui existe. Elle est aussi la plus exacte, grâce aux passages restitués et aux variantes placées sous le texte. Enfin, cet Avertissement même, en déclarant que la publication de Kehl est notre source principale pour les lettres de Frédéric, en mettant l'édition de M. Beuchot sur la même ligne pour les lettres de Voltaire, et en montrant que nous les avons enrichies toutes deux d'additions et de variantes, établit l'authenticité de chaque lettre, et met le public à même de contrôler toute notre collection.
Nous ne pouvons cependant pas dire que ce recueil soit absolument complet; car, en lisant la suite des lettres et des réponses, nous nous apercevons facilement qu'il manque quelquefois des lettres, soit de l'un, soit de l'autre des deux illustres écrivains; par exemple, entre la lettre du Roi, du 24 février, et celle du 3 avril 1760, on devrait trouver la réponse de Voltaire à la lettre du 24 février; mais elle n'y est pas.
Les lacunes qui se trouvent du 7 avril 1744 au 22 septembre 1746, du 24 avril 1747 au 29 novembre 1748, dans les années 1753 et 1754, du 29 octobre 1755 au mois d'octobre 1757, du mois de novembre 1761 au 1er janvier 1765, et de décembre 1767 à novembre 1769, s'expliquent aisément par les brouilleries qui survinrent de temps en temps entre ces deux hommes célèbres. Ils se heurtaient souvent, et ne pouvaient cependant résister au penchant qui les attirait toujours de nouveau l'un vers l'autre. Aussi n'est-ce pas sans <XIX>raison que Voltaire, dans sa lettre à Frédéric, du 27 mars 1759, répète les paroles de Martial : « Je n'ai pu vivre sans vous, ni avec vous. » Cependant, lorsque l'âge eut tempéré la vivacité de leur caractère, l'harmonie se rétablit entre eux, et ne fut plus troublée, comme on peut le voir par le ton amical qui règne dans les lettres des dernières années.
Berlin, 6 février 1852.
J.-D.-E. Preuss,
Historiographe de Brandebourg.
I-a Voyez t. VII de notre édition, p. 57-77, l'Éloge de Voltaire; t. XV, p. 214-216, le célèbre Portrait; et, t. VIII, p. 51-63, l'Avant-propos sur la Henriade. Les volumes X, XI, XII, XIII et XIV renferment trente-trois poésies adressées par Frédéric à Voltaire. On trouve, t. XVI, p. 54 et 123, les premiers témoignages de la haute estime que le Prince royal avait pour l'illustre poête, et qu'il exprima ailleurs, avant d'entrer en correspondance avec lui.
II-a Voyez les lettres de d'Alembert à Frédéric, du 8 juin 1780, du 11 mai 1781, du 13 décembre 1782, du 16 février et du 28 avril 1783.
II-b En même temps que l'édition in-8, on fit à Kehl, sur le même plan, une édition en quatre-vingt-douze volumes in-12. Nous ne tirons parti que de l'édition in-8.
IV-a Ce sont les numéros 264, 267, 273, 275, 338, 343, 362, 363, 370 et 381, et le numéro 367 de notre édition.
IX-a Les numéros 326, 330, 331, 333 et 342, auxquels nous croyons devoir ajouter le no 262, qu'on peut considérer comme inédit.
IX-b Les numéros 219 et 342. Pour le numéro 219, la copie venue de Saint-Pétersbourg nous a donné les vingt-sept vers inédits qui précèdent la lettre, et les trois premiers alinéa en prose. La fin de la pièce est tirée de l'édition de Kehl.
IX-c Les numéros 326, 330, 331 et 333. Nous donnons deux leçons du numéro 328 (du 16 mars 1753) : une copie de la minute autographe de Frédéric conservée aux archives du Cabinet, parmi les papiers de l'abbé de Prades, qui avait transcrit la lettre; et cette lettre même, telle qu'elle a été envoyée; nous tirons celle-ci des Œuvres de Voltaire, t. LVI, p. 291.
IX-d Les numéros 309 et 305. Ils étaient déjà imprimés dans le Supplément, t. II, p. 385 et 383.
IX-e Le numéro 262.
IX-f Les numéros 327, 332 et 335.
IX-g Le numéro 321.
IX-h Le numéro 334.
IX-i Les numéros 266, 280, 284, 306, 340, 347, 351 et 378.
IX-k Le numéro 324.
IX-l Le numéro 329.
V-a Voyez les deux lettres de Frédéric à Jordan, du mois de juin 1738 et du 3 août 1739, t. XVII, p. 57 et 61. Voltaire écrit à Frédéric, le 27 mars 1759 : « Je reçois la lettre dont Votre Majesté m'honore, écrite le 2 mars de la main de votre secrétaire, mon compatriote suisse (de Catt), signée Federic. »
V-b Frédéric écrit a Voltaire, le 3 janvier 1778 : « Je fais copier mes lettres, parce que ma main commenée à devenir tremblante, et que, écrivant d'un très-petit caractère, cela pourrait fatiguer vos yeux. »
VI-a Ces dix-huit lettres portent dans notre édition les numéros 19 et 34; 146, 153, 481, 483, 519, 532, 535, 537, 560, 563, 569, 407 et 387; enfin 390, 395 et 415.
VI-b Voyez les Œuvres posthumes, t. IX, p. 93 et 120-125; t. X, p. 21, 24, 30, 62, 63 et 75; t. IX, p. 150, 156-158, 161 et 162, 173, 232, 298 et 299, 334, 335, 336 et 338; et t. X, p. 90 et 91.
VII-a Ce sont : 1o p. 377-381, cinq lettres des années 1751 et 1752 (numéros 277, 311, 313, 315 et 314 de notre édition); 2o p. 383-388, cinq lettres des années 1751 et 1762 (numéros 305, 309, 291, 316 et 319 de notre édition).
VII-b Ce sont les deux lettres du 11 janvier et du 20 février r 750, p. 360-366 du Supplément (numéros 252 et 255 de notre édition), tirées des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, Au donjon du château, Avec privilége d'Apollon, MDCCL, t. III, p. 212 et 223; elles sont imprimées t. XI, p. 164 et 172 de notre édition. Huit autres lettres, publiées avec quelques variantes dans les Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, de 1750, et répétées dans notre t. XI, mais omises dans le Supplément, se trouvent aussi, d'après le texte primitif de l'édition de Kehl, dans notre recueil de la correspondance de Frédéric avec Voltaire, sous les numéros 223, 225, 226, 229, 231, 238, 250 et 253.
VIII-a Le numéro 369 de notre édition.
VIII-b Les numéros 372 et 313 de notre édition, qui ne se trouvent ni dans celle de Kehl, ni dans celle de Bâle.
VIII-c Le numéro 328(b) de notre édition.