<125>des sacrifices. Il faut assurément qu'il y ait quelque chose de divin en vous, car vous récompensez d'abord les bonnes actions, dès qu'elles sont faites. Je viens de recevoir, ce matin, une lettre charmante, et qui m'a bien réjoui, n'en ayant point reçu de vous depuis longtemps. J'ai été accablé d'affaires deux mois de suite, ce qui m'a empêché de vous écrire plus tôt.

Je vous demande à présent une nouvelle explication au sujet de votre avant-dernière lettre, car voilà le cardinal mort,a et les affaires se font d'une façon différente. Il est bon de savoir quels sont les canaux dont il faut se servir. J'ai participé vivement à vos trophées; il m'a semblé que j'avais fait Mérope, et que c'était à moi que le public rendait justice.

Je suis sur le point de partir pour la Silésie, mais ce ne sera que pour peu de temps; après quoi je renouerai mon commerce avec les Muses. Envoyez-moi, je vous prie, la Pucelle (j'ai la rage de la dépuceler), et votre Histoire, et vos épigrammes, et vos odes, et vous-même. Enfin j'espère d'une ou d'autre façon de vous voir ici. Ne me faites point injustice sur mon caractère; d'ailleurs il vous est permis de badiner sur mon sujet comme il vous plaira.

Adieu, cher Voltaire; je vous aime, je vous estime, et vous aimerai toujours.

199. AU MÊME.

Potsdam, 6 avril 1743.

Mon cher Voltaire, vous me comblez de biens, pendant que je garde sur vous un morne silence; je reçois les fruits précieux de votre amitié, de vos veilles et de votre étude, lorsque je cours encore de province en province, sans pouvoir fixer mon étoile errante et reprendre mes anciens errements.

Me voilà enfin de retour de Breslau, après avoir politique, financé et martialisé de reste. Je compte de goûter à présent


a Le 29 janvier 1743.