<139>Menant promener son armée;
Que Ségur le capituleur,
Et les autres transis de peur.
Je vous montrerai de mes Mémoires ce que je croirai pouvoir vous montrer. Ils sont vrais, et par conséquent d'une nature à ne paraître qu'après le siècle.
Adieu, cher Voltaire; à revoir.
209. AU MÊME.
Potsdam, 15 septembre 1743.a
Vous me dites tant de bien de la France et de son roi, qu'il serait à souhaiter que tous les souverains eussent de pareils sujets, et toutes les républiques de semblables citoyens. C'est ce qui fait véritablement la force des États, lorsqu'un même zèle anime tous les membres, et que l'intérêt public devient l'intérêt de chaque particulier.
Il aurait été à souhaiter que la France et la Suède eussent eu des militaires qui pensassent comme vous; mais il est bien sûr, quoi que vous puissiez dire, que la faiblesse des généraux et la timidité des conseils ont presque perdu de réputation ces deux nations, dont le nom seul inspirait, il n'y a pas un demi-siècle, la terreur à l'Europe.
De quelle façon voyons-nous que la France ait agi envers ses alliés? Quel exemple pour l'Europe que la paix secrète que fit le cardinal de Fleury à l'insu de l'Espagne et du roi de Sardaigne! Il abandonna le roi Stanislas, beau-père de Louis XV, et acquit la Lorraine. Quel exemple inouï que la manière dont la France abandonne l'Empereur, sacrifie la Bavière, et réduit ce prince si respectable dans la dernière misère, je ne dis pas dans la mi-
a L'édition Beuchot date cette lettre du 7 septembre 1743, ce qui nous paraît plus juste, car Frédéric fît un voyage à Baireuth, du 10 au 25 septembre.