<203>tembre. Ses couches ont l'air d'être fort dangereuses; mais, si elle s'en tire bien, je vous promets, Sire, de venir vous faire ma cour au mois d'octobre. Je tiens toujours pour mon ancienne maxime que, quand vous commandez à une âme, et que cette âme dit à son corps, Marche, le corps doit aller, quelque chétif et quelque cacochyme qu'il soit. En un mot, Sire, sain ou malade, je m'arrange pour partir en octobre, et pour arriver, tout fourré, auprès du Salomon du Nord, me flattant que, dans ce temps-là, vous n'assiégerez point Pétersbourg, que vous aimerez les vers, et que vous me donnerez vos ordres. Je remercie très-fort la Providence de ce qu'elle ne veut pas que je quitte ce monde avant de m'être mis à vos pieds.

238. A VOLTAIRE.a

Sans-Souci, 15 juillet 1749.

Des lois de l'homicide Mars
Belle-Isle peut m'instruire en maître;
Mais du bon goût et des beaux-arts
Il n'est que vous qui pouvez l'être,
Vous, qui parlez comme les dieux
Leur sublime et charmant langage,
Vous, qu'un talent victorieux
Rend immortel par chaque ouvrage,
Vous, qui menez vingt arts de front,
Et qui joignez dans votre style
A la prose de Cicéron
Des vers tels qu'en faisait Virgile.

Je ne veux que vous pour maître en tout ce qui regarde la langue, le goût, et le département du Parnasse. Il faut que chacun fasse son métier. Lorsque le maréchal de Belle-Isle vétillera sur la pureté du langage, Brühl donnera des leçons mili-


a Cette lettre se trouve aussi dans notre t. XI, p. 157-159, avec quelques variantes.