<257>Je me prosterne devant votre sceptre, votre lyre, votre plume, votre épée, votre imagination, votre justesse d'esprit, et votre universalité.
269. DU MÊME.
Novembre 1750.
Sire, je me confie, comme de raison, au plus honnête homme et au plus discret de votre royaume. Je ne suis venu ici que pour lui; j'ai tout abandonné pour m'attacher uniquement à lui; il me rend heureux; je compte passer le peu de jours qui me reste à ses pieds. Je ne dois rien lui cacher.
D'Arnaud a semé la zizanie dans le champ du repos et de la paix. Il a fait confidence à monseigneur le prince Henri du tour cruel qu'il voulait me jouer à Paris, et il a abusé de la confiance dont Son Altesse Royale l'honore, pour le tromper et pour se ménager, à ce qu'il prétendait, une ressource et une excuse, lorsque la calomnie serait découverte. Le respect pour V. M. me défend d'entrer dans les détails de la conduite de d'Arnaud. Mais, Sire, voyez ce que vous voulez que je fasse. J'ai passé par-dessus les bienséances de mon âge; j'ai représenté des rôles pour la famille royale; j'ai obéi avec joie aux moindres ordres que j'ai reçus, et, en cela, je crois avoir fait mon devoir. Mais puis-je jouer la comédie chez monseigneur le prince Henri avec d'Arnaud, qui m'accable de tant d'ingratitude et de perfidie? Cela est impossible. Mais je ne veux pas faire le moindre éclat. Je crois que je dois garder surtout un profond silence. Il me semble, Sire, que si d'Arnaud, qui va aujourd'hui à Berlin dans les carrosses du prince Henri, y restait pour travailler, pour fréquenter l'Académie, en un mot, sur quelque prétexte, je serais par là délivré de l'extrême embarras où je me trouve. Son absence mettrait fin aux tracasseries sans nombre qui déshonorent le palais de la gloire, et troublent l'asile du repos le plus doux. Je m'en remets à la prudence, à la bonté de V. M. Je ne parlerai pas