<258>même à Darget de tout ce que j'ai l'honneur de vous écrire. Soyez très-sûr que la conduite de d'Arnaud peut faire un éclat très-fâcheux dans l'Europe, par la foule des gazetiers et des barbouilleurs de papier qui veulent deviner tout ce qui se passe chez V. M. Au nom de votre gloire, Sire, prévenez tout cela, et soyez bien sûr que mon attachement pour votre personne surpasse beaucoup l'embarras où je me vois. Quels petits chagrins ne sont pas noyés dans le bonheur extrême de voir et d'entendre Frédéric le Grand!
270. DU MÊME.
(Premiers jours de janvier 1751.)
Sire, mon secrétairea m'a avoué que d'Arnaud l'avait séduit, et lui avait tourné la tête au point de l'engager à voler le manuscrit en question, pour le faire imprimer. Il m'a demandé pardon; il ma rendu tous mes papiers.
V. M. verra que je mettrai à la raison le juif Hirschel aussi facilement. Je suis très-affligé d'avoir un procès; mais, s'il n'y a point d'autre moyen d'avoir justice; si Hirschel veut abuser de ma facilité pour me voler environ onze mille écus; si quelques conseillers ou avocats, ou M. de Kircheisen, ne peuvent être chargés de prévenir le procès et d'être arbitres; s'il faut que je plaide contre un juif que j'ai convaincu d'avoir agi contre sa signature, c'est un malheur qu'il faut soutenir comme bien d'autres; la vie en est semée. Je n'ai pas vécu jusqu'à présent sans savoir souffrir. Mais le bonheur de vous admirer et de vous aimer est une consolation bien chère.
a Tinois, ou Le Tinois, de Reims.