<266>S. A. R. madame la margrave de Baireuth que frère Voltaire était en pénitence. Ayez pitié de frère Voltaire. Il n'attend que le moment de s'aller fourrer dans la cellule du Marquisat. Comptez, Sire, que frère Voltaire est un bon homme, qu'il n'est mal avec personne, et surtout qu'il prend la liberté d'aimer V. M. de tout son cœur. Et à qui montrez-vous les fruits de votre beau génie, si ce n'est à votre ancien admirateur? Il n'a plus de talent, mais il a du goût, il sent vivement, et votre imagination est faite pour son âme. Il est tout pétri de faiblesses, mais assurément sa plus grande est pour vous. Il n'est point intéressé comme on vous l'a dit, et il ne cherche dans V. M. que vous-même. Il est bien malade, mais vos bontés lui rendront peut-être la santé; en un mot, sa vie est entre vos mains.
J'apprends que V. M. me permet de m'établir pour ce printemps au Marquisat. Je lui en rends les plus humbles grâces. Elle fait la consolation de ma vie.
277. A VOLTAIRE.a
(1751.)
Je viens d'accoucher de six jumeaux,b qui demandent d'être baptisés, au nom d'Apollon, aux eaux d'Hippocrène. La Henriade est priée d'être marraine; vous aurez la bonté de l'amener ce soir, à cinq heures, dans l'appartement du père. Darget-Lucine s'y trouvera, et l'imagination de l'Homme machinec tiendra les nouveau-nés sur les fonts.
a Cette lettre est tirée du Supplément aux Œuvres posthumes, t. II, p. 377.
b L'Art de la guerre, en six chants. Voyez t. X, p. IV et V, et p. 259-318.
c La Mettrie, auteur d'un livre intitulé L'Homme machine. Voyez t. VII, p. 26-32.