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300. DU MÊME.

Mercredi matin (29 décembre 1751).

Ah! mon Dieu, Sire, que je vous demande pardon! J'avais écrit à V. M., cette nuit, sur une affaire particulière qui n'en vaut pas la peine, et je ne savais pas que pendant ce temps-là vous perdiez M. de Rottembourg.a Quel songe que la vie! et quel songe funeste! V. M. perd un homme dont elle était véritablement aimée. J'ose dire que je perds près de V. M. le seul homme qui connût mon cœur et mes sentiments pour vous. Dieu veuille que vous retrouviez des gens aussi sincèrement attachés!

Je ne sais pas ce que deviendra ma malheureuse vie; mais elle sera toujours à vous, et vous serez convaincu que je n'étais pas indigne de vos bontés.

301. DU MÊME.

(Janvier 1752.)

Sire, Votre Majesté peut savoir que, de tous les Français qui sont à votre cour, j'étais le plus tendrement attaché à M. de Rottembourg. Il m'avait promis, en dernier lieu, qu'il me ferait l'honneur d'être mon exécuteur testamentaire, et je ne m'attendais pas qu'il dût périr avant moi. Je vous fis demander, il y a quelques jours, de me mettre à vos pieds, et de mêler un moment ma douleur à la vôtre; et je sortis de mon lit, où je suis presque toujours retenu, pour venir m'informer dans votre antichambre de l'état de votre santé, craignant que votre sensibilité ne vous rendît malade.

Au reste, je demande pardon à V. M. de lui avoir écrit sur une autre affaire, dans le temps où j'ignorais la mort de M. de Rottembourg. Je suis bien éloigné de m'être occupé de cette ba-


a Voyez ci-dessus, p. 108, 109 et 110.