<304>qué, je ne vous manquerai jamais. Je reviendrai à vos pieds au mois d'octobre; et, si la malheureuse aventure de La Beaumelle n'est pas vraie; si Maupertuis en effet n'a pas trahi le secret de vos soupers, et ne m'a point calomnié pour exciter La Beaumelle contre moi; s'il n'a pas été par sa haine l'auteur de mes malheurs, j'avouerai que j'ai été trompé, et je lui demanderai pardon devant V. M. et devant le public. Je m'en ferai une vraie gloire. Mais si la lettre de La Beaumelle est vraie, si les faits sont constatés, si je n'ai pris d'ailleurs le parti de König qu'avec toute l'Europe littéraire, voyez, Sire, ce que les philosophes Marc-Aurèle et Julien auraient fait en pareil cas. Nous sommes tous vos serviteurs, et vous auriez pu d'un mot tout concilier. Vous êtes fait pour être notre juge, et non notre adversaire. Votre plume respectable eût été dignement employée à nous ordonner de tout oublier; mon cœur vous répond que j'aurais obéi. Sire, ce cœur est encore à vous; vous savez que l'enthousiasme m'avait amené à vos pieds, il m'y ramènera. Quand j'ai conjuré V. M. de ne plus m'attacher à elle par des pensions, elle sait bien que c'était uniquement préférer votre personne à vos bienfaits. Vous m'avez ordonné de les recevoir, ces bienfaits, mais jamais je ne vous serai attaché que pour vous-même; et je vous jure encore entre les mains de S. A. R. madame la margrave de Baireuth, par qui je prends la liberté de faire passer ma lettre, que je vous garderai jusqu'au tombeau les sentiments qui m'amenèrent à vos pieds, lorsque je quittai pour vous tout ce que j'avais de plus cher, et que vous daignâtes me jurer une amitié éternelle.
323. DU MÊME.
(24 ou 25 décembre 1752.)
Sire, ce n'est sans doute que dans la crainte de ne pouvoir plus me montrer devant V. M. que j'ai remis à vos pieds des bienfaits qui n'étaient pas les liens dont j'étais attaché à votre per-