<311>d'écrire) que nous avons signé tous deux; il vient d'être envoyé à mylord Marischal, qui doit en rendre compte à V. M. Sire, ayez pitié de mon état et de ma douleur. Je n'ai de consolation que dans vos promesses sacrées, et dans ces paroles si dignes de vous : Je serais au désespoir d'être cause du malheur de mon ennemi; comment pourrais-je l'être du malheur de mon ami?a Ces mots, Sire, tracés de votre main, qui a écrit tant de belles choses, font ma plus chère espérance. Rendez à mon oncle une vie qu'il vous avait dévouée et dont vous rendez la fin si infortunée, et soutenez la mienne; je la passerai comme lui à vous bénir.

Je suis avec un très-profond respect,



Sire,

de Votre Majesté
la très-humble et très-obéissante servante,
Denis.

330. L'ABBÉ DE PRADES A MADAME DENIS.b

(19 juin 1753.)

Madame, le Roi m'ordonne de vous répondre au sujet de ce que vous lui avez écrit pour votre oncle. Les ordres sont donnés pour qu'on laisse à M. de Voltaire la liberté de poursuivre son voyage. Voltaire s'est attiré de gaîté de cœur tous les désagréments; le Roi lui avait pardonné, à son retour à Potsdam, toutes ses folies, à condition qu'il se tînt en repos, et ne continuât plus à publier des libelles contre un homme que ce prince estime. Il ne dépendait que de votre oncle de demeurer ici avec toutes les distinctions et les avantages dont il avait joui précédemment; on


a Cette phrase se trouve presque textuellement dans la lettre de Frédéric à Voltaire, du 23 août 1750. Voyez ci-dessus, p. 290.

b Cette lettre est tirée des archives du Cabinet de Berlin, où l'on en conserve la minute, de la main de Frédéric. Pour la date du 19 juin, nous l'avons ajoutée d'après Varnhagen d'Ense. l. c., p. 75 et 76.