<43>Que deux fois on se rebaptise,
Ou que l'on soit débaptisé,
Qu'étole au cou Jean exorcise,
Ou que Jean soit exorcisé,
Qu'il soit hors ou dedans l'Église,
Musulman, brahmane ou chrétien,
De rien je ne me scandalise,
Pourvu qu'on soit homme de bien.
Je veux qu'aux lois on soit fidèle,
Je veux qu'on chérisse son roi;
C'est en ce monde assez, je croi;
Le reste, qu'on nomma la foi,
Est bon pour la vie éternelle,
Et c'est peu de chose pour moi.
151. A VOLTAIRE.a
Remusberg, 21 octobre 1740.
Mon cher Voltaire, je vous suis mille fois obligé de tous les bons offices que vous me rendez, du Liégeois que vous abattez, de van Duren que vous retenez, et, en un mot, de tout le bien que vous me faites. Vous êtes enfin le tuteur de mes ouvrages, et le génie heureux que sans doute quelque être bienfaisant m'envoie pour me soutenir et m'inspirer.
O vous, mortels ingrats! ô vous, cœurs insensibles!
Qui ne connaîssez point l'amour ni la pitié,
Qui n'enfantez jamais que des projets nuisibles,
Adorez l'Amitié.
La vertu la fit naître, et les dieux la douèrent
De l'honneur scrupuleux, de la fidélité;
Les traits les plus brillants et les plus doux l'ornèrent
De la divinité.
a Cette lettre, tirée des Œuvres posthumes, t. IX, p. 120-125, se trouve aussi dans l'édition de Kehl, t. LXV, p. 56, sous le numéro 27, et la date du 24 octobre 1740.