<65>Et vous, vous entendez, sans que rien vous alarme,
Ou les rêves d'un bonze, ou les sermons d'un carme;
Vous allez à la messe, et vous en revenez.
Végétaux sur le trône à languir destinés,
N'attendez rien de moi; mes voix et mes trompettes
Pour des rois endormis sont à jamais muettes;
Ou plutôt, vils objets de mon juste courroux,
Rougissez et tremblez, si je parle de vous. »
Ainsi la Renommée, en volant sur la terre,
Célébrait le héros des arts et de la guerre;
Vous, enfants d'Apollon, par sa voix excités,
Perroquets de la gloire, écoutez et chantez.
Ah! Sire, les honneurs changent les mœurs; faut-il, parce que V. M. se bat tous les jours contre de vilains hussards auxquels elle ne voudrait pas parler, et qui ne savent pas ce que c'est qu'un vers, qu'elle ne m'écrive plus du tout? Autrefois elle daignait me donner de ses nouvelles, elle me parlait de sa fièvre quarte; à présent qu'elle affronte la mort, qu'elle prend des villes, et qu'elle donne la fièvre continue à tant de princes, elle m'abandonne cruellement. Les héros sont des ingrats. Voilà qui est fait, je ne veux plus aimer V. M. Je me contenterai de l'admirer. N'abusez pas, Sire, de ma faiblesse. On nous a conté qu'on avait fait une conspiration contre V. M. C'est bien alors que j'ai senti que je l'aimais.
Je voudrais seulement, Sire, que vous eussiez la bonté de me dire, la main sur la conscience, si vous êtes plus heureux que vous ne l'étiez à Rheinsberg. Je conjure V. M. de satisfaire à cette question philosophique. Profond respect.
163. A VOLTAIRE.
Ohlau, 16 avril 1741.
Je connais les douceurs d'un studieux repos;
Disciple d'Epicure, amant de la Mollesse,
Entre ses bras, plein de faiblesse,
J'aurais pu sommeiller à l'ombre des pavots.