<73>Bien des compliments à la marquise; quant à vous, je pense bien que vous devez être persuadé de la parfaite estime et de l'amitié que j'aurai toujours pour vous. Adieu.
Le pauvre Césarion est malade à Berlin, où je l'ai renvoyé pour le guérir; et Jordan, qui vient d'arriver de Breslau, est tout fatigué du voyage.
169. DE VOLTAIRE.
Bruxelles, 29 juin 1741.
Sire, chacun son lot : une aigle vigoureuse,
Non l'aigle de l'Empire (elle a depuis un temps
Perdu son bec retors et ses ongles puissants),
Mais l'aigle do la Prusse, et jeune, et valeureuse,
Réveille dans son vol, au bruit de ses exploits,
La Gloire, qui dormait loin des trônes des rois.
Un vieux renard adroit,a tapi dans sa tanière,
Attend quelques perdrix auprès de sa frontière;
Un honnête pigeon, point fourbe et point guerrier,
Cache ses jours obscurs au fond d'un colombier.
Je suis ce vieux pigeon; j'admire en sa carrière
Celte aigle foudroyante, et si vive, et si fière.
Ah! si d'un autre bec les dieux m'avaient pourvu,
Si j'étais moins pigeon, je vous suivrais peut-être;
Je verrais dans son camp mon adorable maître;
Et, tel que Maupertuis, peut-être au dépourvu,
De hussards entouré, dépouillé, mis à nu,
J'aurais, par les doux sons de quelque chansonnette,
Consolé, s'il se peut, Neipperg de sa défaite.
Le ciel n'a pas voulu que de mes sombres jours
Cette grande aventure ait éclairé le cours.
Mais, dans mon colombier, je vous suis en idée;
De vos vaillants exploits ma verve possédée
Voyage en fiction vers les murs de Breslau,
Dans les champs de Molwitz, aux remparts de Glogau;
a Le cardinal de Fleury.