<75>illustre que vous y tiendrez. Je prévois que V. M. s'amusera quelque jour à faire le récit de ces deux campagnes; heureux qui pourrait être alors son secrétaire! mais aussi très-heureux qui sera son lecteur! C'est aux Césars à faire leurs Commentaires. MM. de La Croze et Jordan, de grâce, prêtez-moi vos vieux livres et vos lumières nouvelles, pour les antiques vérités que je cherche; mais quand je serai arrivé au siècle illustré par Frédéric, permettez-moi d'avoir recours directement à notre héros. Que vous êtes heureux, ô Jordan! Vous le voyez, ce héros, et vous avez de plus une très-belle bibliothèque; il n'en est pas ainsi de moi, je n'ai point ici de héros, et j'ai très-peu de livres. Cependant je travaille, car les gens oisifs ne sont pas faits pour lui plaire.
De son sublime esprit la noble activité
Réveillerait dans moi la molle oisiveté.
Tout mortel doit agir, roi, fermier, soldat, prêtre;
A ces conditions le ciel nous donna l'être;
Le plaisir véritable est le fruit des travaux.
Grand Dieu, que de plaisir doit goûter mon héros!
Je suis de S. M., de son humanité, de son activité, de son esprit et de son cœur, l'admirateur et le sujet.
170. A VOLTAIRE.
Camp de Strehlen, 22 juillet 1741.
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Après la sentence que vous venez de prononcer sur votre Hélicon, je ne puis vous écrire qu'en vers. C'est une corruption dont je me sers pour captiver votre affection. Si vous étiez médiateur entre la reine de Hongrie et moi, je plaiderais ma cause en vers, et mes vieux documents en rimes serviraient aux amusements de mon pacificateur. Il n'y aura pas assurément autant de lacunes