<97>Je ne puis vous entretenir encore, jusqu'à présent, que de marches, de retraites honteuses, de poursuites, de coïonneries, et de toutes sortes d'événements qui, pour rouler sur des matières fort graves, n'en sont pas moins ridicules.
La santé de Rottembourg commence à se rétablir; il est entièrement hors de danger. Ne me croyez point cruel, mais assez raisonnable pour ne choisir un mal que lorsqu'il faut en éviter un pire. Tout homme qui se détermine à se faire arracher une dent, quand elle est cariée, livrera bataille lorsqu'il voudra terminer une guerre. Répandre du sang dans une pareille conjoncture, c'est véritablement le ménager; c'est une saignée que l'on fait à son ennemi en délire, et qui lui rend son bon sens.
Adieu, cher Voltaire; croyez toujours, et jusqu'à ce que je vous dise le contraire, que je vous estime et aimerai toute ma vie.
182. AU MÊME.
Camp de Kuttenberg, 20 juin 1742.
Enfin ce Borcke est revenu,
Après avoir beaucoup couru.
Entre les beaux bras d'Émilie
Il m'assure vous avoir vu,
Le corps languissant, abattu,
Mais toujours l'esprit plein de vie
Et de cette aimable saillie
Qui vous a rendu si connu.
Depuis ce pays malotru
Jusqu'à Paris votre patrie.
Enfin le vieux Broglie a perdu,
Non pas sa culotte salie,
Dont personne n'aurait voulu;
Mais, brusquement tournant le cu
Devant les pandours de Hongrie,
Fuyant avec ignominie,