<197>avec vérité. Je n'ai pas négligé d'y crayonner le caractère du comte Hoditz, qui se trouve peint d'après nature.
Votre impératrice en a donné de plus superbes à mon frère Henri. Je ne crois pas qu'on puisse la surpasser en ce genre : des illuminations durant un chemin de quatre milles d'Allemagne, des feux d'artifice qui surpassent tout ce qui nous est connu, selon les descriptions qu'on m'en a faites, des bals de trois mille personnes, et surtout l'affabilité et les grâces que votre souveraine a répandues comme un assaisonnement à toutes ces fêtes, en ont beaucoup relevé l'éclat.
A mon âge, les seules fêtes qui me conviennent sont les bons livres. Vous, qui en êtes le grand fabricateur, vous répandez encore quelque sérénité sur le déclin de mes jours. Vous ne vous devez donc pas étonner que je m'intéresse, autant que je le fais, à la conservation du Patriarche de Ferney, auquel soit honneur et gloire, par tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il!
440. AU MÊME.
Potsdam, 29 juin 1771.
Ce poëte empereur si puissant, qui domine
Sur les Mandchoux et sur la Chine,
Est bien plus avisé que moi.
Si le démon des vers le presse et le lutine,
Des chants que son conseil juge dignes d'un roi
Il restreint sagement la course clandestine
Aux bornes des Etats qui vivent sous sa loi.
Moi, sans écouter la prudence,
Les esquisses légers de mes faibles crayons,
Je les dépêche tous pour ces heureux cantons
Où le plus bel esprit de France,
Le dieu du goût, le dieu des vers,
Naguère a pris sa résidence.
C'est jeter par extravagance
Une goutte d'eau dans les mers.