<209>confédérés regardent le trône comme vacant, quoiqu'il soit rempli; les uns y veulent placer le landgrave de Hesse, d'autres l'électeur de Saxe, d'autres encore le prince de Teschen. Tous ces partis différents ont autant de haine l'un pour l'autre que les jansénistes, les molinistes et les calvinistes entre eux. C'est pour cela que je les compare aux maçons de la tour de Babel. Le crime qu'ils viennent de tenter ne les a pas décrédités chez leurs protecteurs, parce qu'en effet plusieurs de ces confédérés l'ont ignoré; mais, qu'ils aient des protecteurs ou non, ils n'en sont pas plus redoutables, et, par les mesures que votre souveraine vient de prendre, dans peu leur mauvaise volonté sera confondue.b
Il semble que, pour détourner mes yeux des sottises polonaisesc et de la scène atroce de Varsovie, ma sœur, la reine de Suède, ait pris ce temps pour venir revoir ses parents, après une absence de vingt-huit années. Son arrivée a ranimé toute la famille; je m'en suis cru de dix ans plus jeune. Je fais mes efforts pour dissiper les regrets qu'elle donne à la perte d'un époux tendrement aimé, en lui procurant toutes les sortes d'amusements dans lesquels les arts et les sciences peuvent avoir la plus grande part.d Nous avons beaucoup parlé de vous. Ma sœur trouvait que vous manquiez à Berlin. Je lui ai répondu qu'il y avait treize anse que je m'en apercevais. Cela n'a pas empêché que nous n'ayons fait des vœux pour votre conservation, et nous avons conclu, quoique nous ne vous possédions pas, que vous n'en étiez pas moins nécessaire à l'Europe. Laissez donc à la Fortune, à l'Amour, à Plutus, leur bandeau; car ce serait une contradiction que celui qui éclaira si longtemps l'Europe fût aveugle lui-même. Voilà peut-être un mauvais jeu de mots. J'en fais amende honorable au dieu du goût qui siége à Ferney; je le prie de m'inspirer, et d'être assuré que, en fait de belles-lettres, je crois ses dé-
b La fin de cet alinéa, depuis « J'ai poussé, » est omise dans l'édition de Kehl; nous la tirons des Œuvres posthumes, t. IX, p. 156-158.
c Des puérilités polonaises. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX. p. 158.)
d Voyez t. IX, p. X, et 190-207.
e Seize ans. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 158.)