<216>de même qu'à vingt-quatre sur votre sujet; et je fais des vœux à cet Être qui anime tout, qu'il daigne conserver aussi longtemps que possible le vieil étui de votre belle âme. Ce ne sont pas des compliments, mais des sentiments très-vrais que vos ouvrages gravent sans cesse plus profondément dans mon esprit.
451. DE VOLTAIRE.a
Ferney, 31 juillet 1772.
Sire, permettez-moi de dire à Votre Majesté que vous êtes comme un certain personnage de La Fontaine :
Droit au solide allait Bartholomée.bCe solide accompagne merveilleusement la véritable gloire. Vous faites un royaume florissant et puissant de ce qui n'était, sous le Roi votre grand-père, qu'un royaume de vanité; vous avez connu et saisi le vrai en tout; aussi êtes-vous unique en tout genre. Ce que vous faites actuellement vaut bien votre poëme sur les confédérés. Il est plaisant de détruire les gens et de les chanter.
Je dois dire à V. M. qu'un jeune homme de vingt-cinq ans, très-bon officier, très-instruit, ayant servi dès l'âge de douze ans, et ne voulant plus servir que vous, est parti de Paris sans en rien dire à personne, et vient vous demander la permission de se faire casser la tête sous vos ordres. Il est d'une très-ancienne noblesse, véritable marquis, et non pas de ces marquis de robe, ou marquis de hasard, qui prennent leurs titres dans une auberge, et se font appeler monseigneur par les postillons qu'ils ne payent
a Cette lettre, tirée de l'édition de Kehl, a été placée mal à propos par M. Beuchot sous la date du 2 mai 1767. Il a omis les deux dernières phrases du second alinéa et la dernière de l'alinéa suivant, après lequel il a inséré le fragment que nous avons imprimé ci-dessus, p. 151.
b Le Calendrier des vieillards, nouvelle tirée de Boccace. Voyez ci-dessus, p. 178.