<219>J'aurais voulu joindre quelques échantillons de porcelaine à cette lettre; les ouvriers n'ont pas encore pu les fournir; mais ils suivront dans peu, au risque des aventures qui les attendent en voyage.

Personne du nom de Saint-Aulaire n'est arrivé jusqu'ici. Peut-être que celui qui vous a écrit a changé de sentiment.

Voilà enfin la paix prête à se conclure en Orient, et la pacification de la Pologne qui s'apprête. Ce beau dénoûment est dû uniquement à la modération de l'impératrice de Russie, qui a su mettre elle-même des bornes à ses conquêtes, en imposer à ses ennemis secrets, et rétablir l'ordre et la tranquillité où jusqu'à présent ne régnait que trouble et confusion. C'est à votre muse à la célébrer dignement; je ne fais que balbutier en ébauchant son éloge, et ce que j'en ai dit n'acquiert de prix que pour avoir été dicté par le sentiment.

Vivez encore, vivez longtemps; quand on est sûr de l'immortalité dans ce monde-ci, il ne faut pas se hâter d'en jouir dans l'autre. Du moins ayez la complaisance pour moi, pauvre mortel qui n'ai rien d'immortel, de prolonger votre séjour sur ce globe, pour que j'en jouisse, car je crains fort de ne vous pas trouverdans cet autre monde. Vale.

454. DE VOLTAIRE.

(Ferney) 16 octobre 1772.

Sire, la médaille est belle, bien frappée, la légende noble et simple; mais surtout la carte que la Prusse jadis polonaise présente à son maître fait un très-bel effet. Je remercie bien fort V. M. de ce bijou du Nord; il n'y en a pas à présent de pareils dans le Midi.

La Paix a bien raison de dire aux palatins :
Ouvrez les yeux, le diable vous attrape;
Car vous avez à vos puissants voisins,