<231>a fait la Saint-Barthélémy; cela était digne de Thorn en 1724; et cela n'arrivera jamais dans vos États. Quelque moine d'Oliva en gémira peut-être, et vous damnera tout bas pour abandonner la cause du Seigneur. Pour moi, je vous bénis, et je frémis tous les jours de l'exécrable aventure d'Abbeville.
J'ose dire à V. M. que je crois Morival digne d'être employé dans vos armées, et que je voudrais que, par ses services et par son avancement, il pût confondre les tigres-singes qui ont été coupables envers lui d'un si exécrable fanatisme. Je voudrais le voir à la tête d'une compagnie de grenadiers dans les rues d'Abbeville, faisant trembler ses juges, et leur pardonnant. Pour moi, je ne leur pardonne pas, j'ai toujours cette abomination sur le cœur; il faut que je relise quelques-unes de vos Épîtres en vers pour reprendre un peu de gaîté.
Je me mets à vos pieds, Sire, avec l'enthousiasme que j'ai toujours eu pour vous.
Le vieux malade.
461. DU MÊME.
Ferney, 22 décembre 1772.
Sire, en recevant votre jolie lettre et vos jolis vers, du 6 décembre, en voici que je reçois de Thieriot, votre feu nouvelliste, qui ne sont pas si agréables.
C'en est fait, mon rôle est rempli,
Je n'écrirai plus de nouvelles;
Le pays du fleuve d'oubli
N'est pas pays de bagatelles.
Les morts ne me fournissent rien,
Soit pour les vers, soit pour la prose;
Ils sont d'un fort sec entretien,
Et font toujours la même chose.
Cependant ils savent fort bien
De Frédéric toute l'histoire,