<241>notre voisinage avec neuf enfants, dont quelques-uns seront un jour sous vos ordres, à la tête de vos armées.
Conservez-moi, Sire, vos bontés, qui font la consolation de ma vie, et avec lesquelles je descendrai au tombeau très-allègrement.
465. A VOLTAIRE.
Potsdam, 29 février 1773.a
J'ai reçu votre lettre et vos vers charmants, qui démentent sans doute votre âge. Non, je ne vous en croirai point sur votre parole; ou vous êtes encore jeune, ou vous avez coupé au Temps ses ailes.
Il faut être bien téméraire pour vous répondre en vers, si vous ne saviez pas que les gens de mon espèce se permettent souvent ce qu'on désapprouverait en d'autres. Un certain Cotys, roi d'un pays très-barbare, entretint une correspondance en vers avec Ovide exilé dans le Pont.b Il doit donc être permis aujourd'hui à un souverain d'un pays moins barbare d'écrire à l'Apollon de Ferney en langage velche, en dépit de l'abbé d'Olivet et des puristes de son Académie.
Non, je ne veux plus à Paris
Avoir de courtier littéraire;
Je n'y vois plus ces beaux esprits
Dont nombre d'immortels écrits,
En m'instruisant, savaient me plaire.
Je ne veux de correspondants
Que sur les confins de la Suisse,
Province qui jadis était très-fort novice
En arts, en esprit, en talents,
a Les Œuvres posthumes, t. IX, p. 188, datent cette lettre du 27 février; mais la traduction allemande, t. X, p. 26, porte la date du 29, et la réponse de Voltaire la rappelle expressément.
b Voyez ci-dessus, p. 205.