<243>Je m'informerai de ce compagnon du malheureux La Barre; et, s'il a de la conduite, il sera facile de le placer. Votre recommandation ne lui sera pas inutile.
Les nouvelles qu'on vous donne de Paris diffèrent prodigieusement de celles que je reçois de Pétersbourg. On vous écrit ce que l'on souhaite, mais non pas ce qui existe; enfin ce que l'on se promet du fruit de ses tracasseries, ce qui peut-être était possible autrefois, mais à quoi l'on ne doit s'attendre aucunement en Russie de la sagesse du gouvernement actuel.
Eh bien, je vous ai rogné quelques années, et je ne m'en dédis pas; vos ouvrages ont trop de fraîcheur pour être d'un vieillard. Vous m'enverriez votre extrait baptistaire, que je n'en croirais pas davantage à votre curé.
On juge mal, on est déçu,
En se fiant à l'apparence;
Je suis très-sur et convaincu
Que Voltaire en secret a bu
De la fontaine de Jouvence.
Jamais aucun héros n'approcha de son sort :
Immortel par sa vie, ainsi qu'après sa mort.a
C'est cette première immortalité qui me touche le plus. Je suis intéressé à votre conservation; l'autre vous est sûre. Souvenez-vous de la maxime de l'empereur Auguste : Festina lente. Ce sont les vœux que le Philosophe de Sans-Souci fait pour le Patriarche de Ferney, en attendant les Lois de Minos.
466. DE VOLTAIRE.
Ferney, 19 mars 1778.
Sire, votre lettre du 29 février, qui est apparemment datée selon votre ancien style hérétique, ne m'en est pas moins précieuse. Votre style n'en est pas moins charmant; les choses les plus
a Voyez t. XIII, p. 110.