<251>tius sur l'éducation;b je suis fâché que cet honnête homme ne l'ait pas corrigé, pour le purger des pensées fausses et des concetti qui me semblent on ne saurait plus déplacés dans un ouvrage de philosophie. Il veut prouver, sans pouvoir en venir à bout, que les hommes sont également doués d'esprit, et que l'éducation peut tout. Malheureusement l'expérience, ce grand maître, lui est contraire, et combat les principes qu'il s'efforce d'établir. Pour moi, je n'ai qu'à me louer de l'idée trop avantageuse qu'il avait de ma personne. Je voudrais la mériter.

Je ne sais comment pense le roi de Pologne, encore moins quand la diète finira. Je vous garantirai toujours, à bon compte, qu'il n'y aura pas de nouveaux troubles occasionnés par ce qui se passe dans ce royaume.

Vous vivrez encore longtemps, l'honneur des lettres et le fléau de l'infâme; et si je ne vous vois pas facie ad faciem, les yeux de l'esprit ne détournent point leurs regards de votre personne, et mes vœux vous accompagnent partout.

Federic.c

471. DE VOLTAIRE.

Ferney, 4 septembre 1773.

Sire, si votre vieux baron a bien dansé à l'âge de quatre-vingt-six ans, je me flatte que vous danserez mieux que lui à cent ans révolus. Il est juste que vous dansiez longtemps au son de votre flûte et de votre lyre, après avoir fait danser tant de monde, soit en cadence, soit hors de cadence, au son de vos trompettes. Il est vrai que ce n'est pas la coutume des gens de votre espèce de vivre longtemps. Charles XII, qui aurait été un excellent capi-


b De l'homme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation. Londres (Amsterdam), 1772, deux volumes in-8; ouvrage posthume d'Helvétius mort en 1771.

c Dans les Œuvres posthumes, t. IX, p. 195, cette lettre est signée : Le solitaire de Sans-Souci.