<272>an, pendant lequel il sera chez moi. Je vous répondrai de sa personne. Je l'aiderai à faire autant de recrues qu'il vous plaira; il n'y a point d'endroit au monde où l'on puisse plus facilement lever des soldats que dans le petit canton que j'habite, qui est précisément à une lieue de la Suisse, de Genève, de la Savoie et de la Franche-Comté. Je me chargerai moi-même, malgré mon grand âge, de l'aider à vous fournir les plus beaux hommes et à choisir les plus sages.
Je vous demande en grâce de lui envoyer son congé d'un an; il partira sur-le-champ, et peut-être reviendra-t-il à Wésel au bout de trois mois.
S'il ne peut obtenir en France ce qu'il demande, il n'en aura pas moins d'obligations à V. M., et vous aurez fait ce qu'auraient fait ces Cyrus et ces Gustave dont j'ai dit tant de mal.
Je me mets à vos pieds avec les sentiments que j'ai toujours eus, et avec lesquels je mourrai.
483. A VOLTAIRE.a
(Potsdam) 10 février 1774.
Votre Tactique m'a donné un bon accès de goutte, dont je ne suis pas encore relevé; cela ne m'empêche pas de vous répondre, parce que je sais que les grands seigneurs veulent être obéis promptement. Vous me demandez un Morival, nommé Étallonde, qui est officier à Wésel; il aura la permission d'aller pour un an à Ferney, et même il ne dépendra que de vous de le nommer chef de votre garde prétorienne. Il ne fera ni recrue ni rien là-bas; mais je vous avertis que, étant proscrit en France, c'est à vous à prendre des mesures pour qu'il soit en sûreté à Versoy, et j'avoue que je ne crois pas que vous ayez assez de crédit pour obtenir son pardon. Le chevalier de La Barre et lui ont été accusés du même délit; il est contre la dignité du roi de France que, après
a Œuvres posthumes, t. IX, p. 212-214.