<340>Voilà comme on pense de vous sur les bords de la mer Baltique, où l'on vous rend plus de justice que dans votre ingrate patrie.
N'oubliez pas ces bons Germains qui se souviennent toujours avec plaisir de vous avoir possédé autrefois, et qui vous célèbrent autant qu'il est en eux. Vale.
Je viens de recevoir la Diatribe à l'auteur des Éphémérides.a On que cet ouvrage vient de Ferney; et je crois y reconnaître l'auteur au style, qu'il ne saurait déguiser.
525. DE VOLTAIRE.
Ferney, 19 juillet 1775.
Sire, il n'y a point de vertu, soit tranquille, soit agissante, soit douce, soit fière, soit humaine, soit héroïque, qui ne soit à votre usage. Vous voilà occupé du soin d'amuser votre famille, après avoir donné une cinquantaine de batailles. Vous faites paraître devant vous Le Kain et Aufresne. Paul-Émile disait que le même esprit servait à ordonner une fête, et à battre le roi Persée.a Vous êtes supérieur à tout dans la guerre et dans la paix.
Je vous remercie de vouloir bien occuper un petit coin de votre immensité à protéger d'Étallonde Morival, et à réparer le crime de ses assassins; cela était digne de V. M. Le grand Julien, le premier des hommes après Marc-Aurèle, en usait à peu près ainsi; et d'ailleurs il ne vous valait pas.
La bonté que vous avez pour Morival est un grand exemple que vous donnez à notre nation. Elle commence à se débarbouiller; presque tout notre ministère est composé de philosophes. L'abbé Galiani a soutenu que Rome ne pourrait jamais
a Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLVIII, p. 102-119.
a Plutarque, Vie de Paul-Émile, chap. XXVIII.