<341>reprendre un peu de splendeur que quand il y aurait un pape athée. Du moins, il est bien certain qu'un athée, successeur de saint Pierre, vaudrait beaucoup mieux qu'un pape superstitieux.
Nous espérons en France que la philosophie, qui est auprès du trône, sera bientôt dedans; mais ce n'est qu'une espérance; elle est souvent trompeuse. Il y a tant de gens intéressés à soutenir l'erreur et la sottise, il y a tant de dignités et de richesses attachées à ce métier, qu'il est à craindre que les hypocrites ne l'emportent toujours sur les sages. Votre Allemagne elle-même n'a-t-elle pas fait des souverains de vos principaux ecclésiastiques? Quel est l'électeur et l'évêque parmi vous qui prendra le parti de la raison contre une secte qui lui donne quatre ou cinq millions de rente? Il faudrait bouleverser la terre entière pour la mettre sous l'empire de la philosophie. La seule ressource qui reste donc au sage, c'est d'empêcher que les fanatiques ne deviennent trop dangereux; c'est ce que vous faites par la force de votre génie, et par la connaissance que vous avez des hommes.
Vivez longtemps, Sire, et donnez de nouveaux exemples à la terre.
Des gazettes ont dit que Pöllnitz était mort; c'est dommage; cela me fait craindre pour mylord Marischal, qui vaut mieux que lui, et qui ne s'éloigne pas de son âge. Pour moi, je suis soutenu par les consolations que vous daignez me donner; et ma plus grande, en mourant, sera de songer que je vous laisse dans le monde, plein de vie et de gloire.
Je supplie V. M. de daigner me mander si je dois renvoyer Morival à Wésel, ou l'adresser à Potsdam.
Qu'elle daigne agréer mes remercîments, mon admiration et mon respect.