<390>Daignez conserver, Sire, vos bontés pour ma vieille âme, qui va bientôt quitter son vieux corps.
553. A VOLTAIRE.
Potsdam, 26 décembre 1776.
Pour écrire à Voltaire, il faut se servir de sa langue, celle des dieux. Faute de me bien exprimer dans ce langage, je bégayerai mes pensées.
Serez-vous donc toujours en butte
Au dévot qui vous persécute,
A l'envieux obscur, ébloui de l'éclat
Dont vos rares talents offusquent son état?
Quelque odieux que soit cet indigne manége,
Les exemples en sont nombreux;
On a poussé le sacrilége
Jusqu'au point d'insulter les dieux.
Ces dieux, dont les bienfaits enrichissent la terre.
Ont été déchirés par des blasphémateurs :
Est-il donc étonnant que l'immortel Voltaire
Ait à gémir des traits des calomniateurs?
Je ne m'en tiens pas à ces mauvais vers; j'ai fait écrire dans le Würtemberg pour solliciter vos arrérages. Voici la réponse que je reçois. Je crois que, sans faire remarquer au Duc le peu de confiance que vous avez au présidial de Besançon, il serait peut-être utile de lui faire insinuer que, faute d'obtenir de lui les sommes que vous répétez, vous seriez obligé de recourir à l'assistance de la justice; la peur prendra le Duc, et il vous satisfera; il sera plus touché de cette menace que des meilleures raisons que vous pourriez lui alléguer. Voilà tout ce que j'imagine de mieux à l'égard du Duc.a
Au reste, je crois que, pour vous soustraire à l'âcreté du zèle
a La fin de cet alinéa, depuis « Voici la réponse, » a été omise par les éditeurs de Kehl : nous la tirons des Œuvres posthumes, t. IX, p. 335 et 336.