<402>l'Église, et l'on finira par avoir dans son royaume sa religion, comme sa langue, à part.

Comme je ne fixe aucune époque à cette prophétie, personne ne pourra me reprendre. Cependant il est très-probable que, avec le temps, les choses prendront le tour que je viens d'indiquer.

Je suis fort sensible aux marques de votre souvenir et des vieux temps dont vous rappelez la mémoire. Hélas! que retrouveriez-vous à Sans-Souci, s'il était possible que je pusse espérer de vous y revoir?

Un vieillard glacé par les ans,
Froid, taciturne et flegmatique,
Dont le propos soporifique
Fait bâiller tous les assistants.
Au lieu de mots assez plaisants,
Assaisonnés d'un sel attique,
Qu'il débitait dans son bon temps,
Un radotage politique,
Et d'obscure métaphysique,
Plus ennuyeux, plus révoltants
Que ne sont les nouveaux romans.
Au lieu d'entrechats des béquilles,
Au lieu de vigueur des guenilles;
Dieu, quels funestes changements!b
Ainsi, quand le moelleux Zéphire
Des airs cède l'immense empire
Au fougueux souffle d'Aquilon,
La nature aux abois expire.
Le champ qui portait la moisson
A perdu sa belle parure;

L'arbre est dépouillé de verdure,
Les jardins sont privés de fleurs.
L'homme ainsi ressent les rigueurs
Du temps qui vient miner son être.
Si, jeune, il se nourrit d'erreurs,
Dès qu'il juge et qu'il sait connaître.
L'âge, les maux et les langueurs
Le font pour toujours disparaître.


b Ces trois derniers vers, omis dans l'édition de Kehl, sont tirés des Œuvres posthumes, t. X, p. 100.