<124>rassuré dans mes inquiétudes; il m'a fait dire que V. A. R. était hors de tout danger. Souffrez, madame, que je vous en témoigne ma sensibilité, mon contentement et ma joie. Je ne vous en dirai point davantage, madame, et je vous supplie surtout de ne me répondre que lorsque vos yeux, que cette maladie affaiblit, auront repris toute leur force. Je suis avec les sentiments d'admiration que vous me connaissez, etc.

73. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 24 novembre 1766.



Sire,

Le premier usage que je fais de mes yeux est pour témoigner à Votre Majesté à quel point je suis pénétrée de l'intérêt qu'elle a daigné prendre à ma maladie, et qu'elle m'exprime d'une façon si obligeante. Il est doux de se voir rendu à la vie, quand on peut se croire un objet agréable aux personnes que l'on aime et que l'on estime particulièrement. Je ne m'acquitte si tard de mes justes remercîments que pour vous montrer, Sire, ma docilité à vos ordonnances; et cette même raison m'empêche de m'étendre sur une précédente lettre dans laquelle V. M. s'est égayée d'une manière à la vérité peu orthodoxe, mais très-agréable.

Je me borne à vous assurer, Sire, que, malgré la maxime de Comines,a j'ai grand regret à l'entrevue manquée. Deux grands monarques n'auraient pu se quitter qu'avec une estime réciproque, et nous autres habitants d'un petit globe situé entre deux puissants tourbillons, nous avons le plus grand intérêt à leur bonne harmonie, pour n'être pas écrasés par leur choc. Veuillez, Sire, vous souvenir toujours que, dans ma sphère étroite, je serai constamment et avec tous les sentiments de la plus haute considération, etc.


a Voyez t. II, p. XV.