<14>vais. Pour ceux-ci, écrits au milieu de l'agitation, du trouble et des inquiétudes, compagnes des expéditions militaires, ils ne sont bons que pour le moment, et pour flatter la personne à laquelle ils sont destinés. Les femmes n'y prennent pas garde de si près; tous les vers qui leur disent des douceurs sont bons à leurs yeux. Je crois que ceux-ci rempliront le but, n'étant faits que pour plaire, et n'ayant point à soutenir l'examen rigoureux des d'Olivet et des Fréron.
Nous ne faisons que des misères. Je suis honteux de ma campagne; les choses ne prennent pas encore le tour que je souhaiterais, et je crains bien que ce que je vous ai dit cet hiver ne s'accomplisse au pied de la lettre. Nous verrons, le 20 de ce mois,a ce qui en sera. J'ai de la peine à me tranquilliser; Marc-Aurèle et les stoïciens l'emportent quelquefois; mais souvent le naturel prend le dessus, et fait taire la philosophie. Que le ciel nous assiste, et nous donne quelque grand avantage qui achemine enfin les choses à la paix tant souhaitée et si nécessaire! Il reste encore quelque lueur d'espérance de la part des gens sans prépuce,a si l'on pouvait se fier à leur parole. Mais Fabrice,b que j'ai lu, me fait trembler, et j'appréhende que nous n'en tirions aucun parti. Adieu, mon cher; chassez, si la chasse peut faire quelque chose pour nos affaires. Je ne vous ferai venir que lorsque nous pourrons entreprendre le siége de Schweidnitz.
a Le Roi voulait attaquer ce jour-là les Autrichiens, pour les éloigner de Schweidnitz.
a Les Turcs et les Tartares. Voyez t. IV, p. 207 et 208, 258 et 259; t. V, p. 42 et 121; et t. XIX, p. 177, 184, 185 et 263.
b Anecdotes du séjour du roi de Suède à Bender, ou lettres de M. le baron de Fabrice, pour servir d'éclaircissement à l'histoire de Charles XII. Hambourg, 1760, in-8.