<153>céder aux prétentions du peuple que de contribuer à la ruine de leur république.
Je commence à croire que l'épidémie de cette inquiétude s'est communiquée à mon esprit, car je sens, comme les Génevois, qu'il manque quelque chose au contentement de mon cœur : c'est le portrait illustre d'une grande princesse qui avait eu la bonté de me le promettre, et dont je voulais orner ma chambre, pour lui rendre un culte religieux et dire au moins à cette toile ce que la modestie de l'original m'empêche de lui exprimer. Si V. A. R. connaît cette princesse, je la supplie de la faire ressouvenir de ce qu'elle a daigné promettre;a cela ajoutera encore, s'il se peut, aux sentiments d'admiration et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.
97. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 22 avril 1768.
Sire,
Il est vrai, la dernière lettre de Votre Majesté n'est pas bien orthodoxe; mais elle est charmante, et quand elle m'aurait été écrite par un concile œcuménique, elle ne m'eût pas fait plus de plaisir. Il n'appartient qu'à vous de rassembler Zénon, Épicure, la cour de Rome et les Génevois, tous gens peu faits pour vivre ensemble, et qui se rencontrent cependant dans votre lettre aussi paisiblement que leurs partisans se voient dans vos États.
Quoique V. M. ne soit qu'un hérétique, je veux pourtant vous avouer que beaucoup de bons catholiques ne sont guère édifiés de l'affaire de Parme; et, s'ils respectent constamment le saint-siége, ils n'en craignent pas moins qu'il n'arrive à la cour de Rome, comme aux magnifiques seigneurs de Genève, d'être obligée de se relâcher sur bien des prétentions.
Au reste, Sire, je n'ai pas manqué de faire d'abord la com-
a Le mot promettre est omis dans l'autographe.